menuMENU
search

Le Media Social - A chaque acteur du social son actualité

Article05 mai 2020
Réagir
Réagir
Imprimer
Télécharger

Covid-19 : une aide salutaire mais jugée insuffisante pour les jeunes

Le Premier ministre a annoncé le versement d'une aide de 200 € pour les jeunes et les étudiants en situation de précarité. Mais en plus d'être tardive, cette mesure va laisser de côté les publics les plus précaires, regrette Antoine Dulin, président de la commission de l’insertion des jeunes du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse.

Le Premier ministre a annoncé devant les sénateurs, le 4 mai, le versement d'une aide de 200 € au profit de 800 000 jeunes précaires ou modestes de moins de 25 ans.

Concrètement, cette somme sera versée au début du mois de juin aux étudiants ayant perdu leur travail ou leur stage et aux étudiants ultramarins isolés qui n’ont pas pu rentrer chez eux. Le versement se fera après déclaration sur une plateforme du Crous.

Une aide d'un montant identique sera ensuite versée à la mi-juin aux jeunes de moins de 25 ans qui touchent les aides personnelles au logement (APL), soit quelque 415 000 bénéficiaires.

Un retard à l'allumage

« C'est un premier pas positif même s'il y a eu un retard à l'allumage », juge Antoine Dulin, membre du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et président de la commission de l’insertion des jeunes du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse. Le Conseil d'orientation avait d'ailleurs adressé à Édouard Philippe, le 17 avril, un courrier dans lequel il formulait des propositions en faveur des jeunes, parmi lesquelles une aide exceptionnelle.

Des jeunes laissés de côté

Antoine Dulin DR

Outre la tardiveté de la mesure, alors que des dispositifs en faveur des entreprises ont été annoncés dès la première semaine du confinement, Antoine Dulin regrette que le gouvernement passe par le dispositif des APL : « cette "logique de tuyaux" va mettre des gens de côté, comme les jeunes qui vivent dans la rue, des squats, des centres d'hébergement d'urgence ou sont hébergés par des tiers et ne touchent donc pas les APL ». Les jeunes qui vivent encore chez leurs parents tout en ne faisant plus partie de leur foyer fiscal sont également oubliés.

Ouvrir le RSA aux moins de 25 ans

Autre regret : il s'agira d'un versement unique. « Pour certains ça sera suffisant mais pas pour d'autres », déplore Antoine Dulin, qui appelle à ouvrir rapidement le revenu de solidarité active (RSA) aux jeunes de plus de 18 ans. Cette idée a bien été évoquée lors de la concertation autour du revenu universel d'activité (RUA) mais, crise sanitaire oblige, la concertation est au point mort. Plusieurs ministres s'y sont montrés favorables, tout comme les participants à la concertation.

Les jeunes, une variable d'ajustement

Plus généralement, Antoine Dulin craint que les jeunes constituent la « variable d'ajustement du marché de travail » et deviennent les premières victimes de la crise économique qui s'annonce. D'autant que les nouvelles mesures de la réforme de l'assurance chômage ne sont pas favorables aux personnes, souvent jeunes, qui travaillent de façon discontinue ou enchaînent les contrats courts.

Passer à une logique de proximité

Des solutions existent pourtant. Parmi elles, l'idée de passer d'une logique centralisatrice, où les aides sont décidées par l'État, à une logique de proximité, où les acteurs du monde de l'insertion pourraient verser directement une somme aux jeunes en difficulté. Selon Antoine Dulin, les missions locales, les conseils départementaux et les centres communaux d'action sociale (CCAS) sont les mieux placés pour assurer cette mission. « Il y a un vrai combat à mener sur ce sujet-là », conclut-il.

DianePOUPEAU
ABONNEMENT
Accédez à l'intégralité de nos contenus
  • Articles & brèves
  • Vidéos & infographies
  • Longs formats & dossiers juridiques
  • Reportages & enquêtes
Découvrez nos offres