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Article15 mai 2020
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Grand âge : faire de la crise un "levier" pour améliorer l'accompagnement

Les députées Monique Iborra (LREM) et Caroline Fiat (FI) analysent, dans un rapport, la prise en charge des personnes âgées en établissement comme à domicile depuis le début de l'épidémie. Elles invitent à s'appuyer sur les enseignements tirés de la crise pour repenser la future loi Grand âge.

Alors que l'épidémie de Covid-19 poursuit sa lente décrue, l'heure est au premier bilan, en particulier pour comprendre les raisons d'une telle hécatombe chez les personnes âgées. Les deux députées Monique Iborra (LREM) et Caroline Fiat (FI), dont la connaissance de la prise en charge de ce public n'est plus à démontrer (elles ont notamment cosigné un rapport choc sur la situation des Ehpad en mai 2018), ont ainsi présenté le 13 mai leurs premières observations devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale après avoir auditionné, dans le cadre d'une mission flash, une série de personnalités et organisations du secteur.

Deuxième phase

Ce rapport s'inscrit dans le cadre de la mission d'information « sur l'impact de la crise sanitaire dans toutes ses dimensions », mise en place par le président de l'Assemblée nationale, et « devra être prolongé d’un suivi de la deuxième phase, à savoir le déconfinement progressif » débuté le 11 mai, a précisé Monique Iborra.

Manque de moyens

Premier constat : l'accompagnement des personnes âgées s'est heurté au début de la crise à une « carence de moyens » qui s'est traduit par un manque d'équipements de protection individuelle (EPI) et un absentéisme important en établissement comme à domicile

En outre, « les professionnels du domicile n'ont pas été considérés comme des acteurs de premier plan d'où un retard dans leur prise en compte par les agences régionales de santé (ARS) et les départements, un défaut de coordination avec la médecine de ville et des difficultés décuplées pour se procurer des EPI », notent les députées. Néanmoins, malgré ce « pilotage local parfois défaillant, la mobilisation des personnels et des acteurs (CCAS, initiative « Plateforme Croix-rouge ») s'est efforcée de maintenir les interventions indispensables », se félicitent-elles.

 « Retard à l'allumage » 

Reprenant le calendrier des décisions nationales prises entre le 6 mars et le 7 mai, elles relaient aussi le « retard à l'allumage » de deux à trois semaines dénoncé par les fédérations dans la gestion de la crise médico-sociale. En témoignent notamment, les hospitalisations des résidents d'Ehpad Covid+ intervenues trop tardivement dans les régions les plus touchées.

Réponses territoriales

Comment ARS et départements ont-ils répondu à la crise ? S'il est difficile « de dresser un bilan précis et exhaustif  (…) au regard des disparités territoriales », les deux auteures analysent la façon dont les mesures nationales ont été mises en œuvre sur les territoires. Elles relèvent en particulier que les ARS ont organisé des réunions de pilotage avec les collectivités territoriales et les services de l'État et que « cette gouvernance stratégique » déclinée « au niveau technique (…) a facilité la collaboration des ARS avec des services départementaux ».

Cellule dédiée au sein des ARS

Par ailleurs, les ARS, via leurs cellules dédiées aux personnes âgées déployées fin mars, ont organisé les relations entre les acteurs présents sur le terrain (centres hospitaliers, Samu, ESMS...) et ont pu appuyer des initiatives locales émanant de professionnels de santé comme la mise en place de centres Covid-19 en Occitanie. Enfin, elles ont fourni des moyens supplémentaires aux établissements et services (masques, personnels en renforts...).

Actions des départements

Quant aux conseils départementaux, leur soutien logistique s'est traduit par une série d'actions : fourniture de masques et de tablettes numériques, recours aux laboratoires départementaux pour le lancement de campagnes de tests, mise à disposition de personnel.

Autres constats : si certains établissements et services médico-sociaux (ESMS) ont pu bénéficier de renforts en personnels (Samu, médecins hospitaliers), ils semblent avoir eu assez peu accès à la réserve sanitaire. En outre, bien que des collaborations aient eu lieu dans certaines régions, les médecins de ville ont été peu mobilisés malgré la très forte baisse de leur activité programmée.

Questions éthiques

La crise a aussi soulevé des questions éthiques. Les familles ont notamment dénoncé le manque de communication de certains établissements, le non-respect de directives anticipées ou la trop faible prise en compte des besoins des résidents atteints d'une maladie neurodégénérative.

Néanmoins les députées soulignent la créativité dont les personnels des Ehpad ont çà et là fait preuve pour rompre l'isolement des résidents et lutter contre le syndrome de glissement : mise en place de parcours sportifs, organisation de concerts dans les jardins et sous les fenêtres des résidents...

Mesures immédiates

Alors que s'amorce la phase de déconfinement progressif, les députées formulent des préconisations pour faire de la crise « un levier pour améliorer l'offre médicale, sociale et sociétale en accompagnement du vieillissement de la population ». Elles listent une série de recommandations de court terme : assurer un approvisionnement suffisant en EPI pour tous les professionnels tant en établissements qu'à domicile, renforcer les moyens humains, accentuer la campagne de test systématique dans les Ehpad et la déployer dans les structures d'aide à domicile.

Revalorisation des salariés du domicile

Sans surprise, elles plaident pour que la prime annoncée le 7 mai pour les personnels des Ehpad soit également destinée au personnel du domicile et au-delà exhorte le gouvernement à élaborer un plan de revalorisation des salariés de ces services. Enfin, elles demandent de garantir la pérennité des établissements et services en leur octroyant des garanties financières, nombre d'entre eux ayant vu leur trésorerie fondre avec la crise.

Fragilités du secteur

Mais les deux députées ne s'en tiennent pas là. Alors que l'épidémie a « mis en lumière les fragilités du secteur médico-social » (manque de moyens humains et financiers, faible valorisation et attractivité des métiers), elles demandent que la gestion de la crise fasse l'objet d'une analyse précise et d'un bilan exhaustif afin d'identifier les initiatives et les bonnes pratiques mises en œuvre localement, notamment s'agissant du rapprochement entre acteurs sanitaires et médico-sociaux.

Transformer le modèle

Au-delà, elles invitent à tirer les enseignements de ces quelques semaines pour envisager « la future loi Grand âge repensée à la lumière de la crise ». Dans son intervention, Monique Iborra juge « impératif » de mettre à jour « un nouveau modèle pour les services d’aide à domicile » basé sur des coopérations entre hôpital, médecine de ville, intervenants à domicile et Ehpad. Appelant à reconsidérer le pilotage de ces nouvelles collaborations, elle suggère de confier cette « gouvernance simplifiée aux établissements publics de coopération intercommunale »

NoémieCOLOMB
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