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Travail social, profession(s) à risque

Longs FormatsLaetitia DELHON21 mai 2021
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Depuis début 2021, deux travailleurs sociaux sont morts dans l’exercice de leur fonction. Plus qu’une augmentation des violences, ces crimes témoignent des risques pris par de nombreux professionnels au quotidien, largement sous-estimés. Beaucoup attendent que leur engagement, parfois au péril de leur vie, soit reconnu à sa juste valeur par les pouvoirs publics.

Des meurtres, des tentatives de meurtre et d’innombrables agressions physiques et verbales : vous n’êtes pas dans une série policière mais dans la part sombre du travail social. Qui fait les comptes ? Personne.

Quelques heures passées à décortiquer la presse locale suffisent pourtant pour constater l’ampleur d’un phénomène trop souvent cantonné à la rubrique des faits divers, étouffé presque, qui ne suscite ni mobilisation politique ni médiatique d’ampleur. Or les faits sont là.

Deux meurtres depuis le début de l'année

Les travailleurs sociaux ont tous en tête le meurtre à Nantes en 2015 de l’éducateur Jacques Gasztowtt par un père de famille, puis celui de l’éducatrice Marina Fuseau à Poitiers en 2017, par une femme déclarée irresponsable pénalement.

Depuis début 2021, la profession déplore deux nouveaux meurtres : celui de Cyril Pierreval, chef de service dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) de Pau le 19 février, et celui le 12 mai de la gestionnaire de cas Audrey Adam, dans l’Aube.

Des victimes peu médiatisées

Karima Mezouar, directrice d'un Clic, tuée en Ariège en 2010. PhotoPQR/La Dépêche du Midi

Mais qui garde en mémoire Karima Mezouar, assistante sociale de 32 ans, directrice d'un Clic en Ariège, tuée en 2010 devant les locaux ?

Qui a entendu parler de la tentative de meurtre en janvier 2012, à Caen, d’une éducatrice par un ancien détenu, ou de cette agression par balles d’un éducateur en juin 2019, à Soissons ?

Une profession à risque

Qui sait, plus récemment encore, qu’une aide à domicile s’est fait frapper et poursuivre à Rennes en mars dernier par un homme chez qui elle travaillait ? Les situations de ce type sont légion. « Le travail social est une profession à risque, peut-être de plus en plus », analyse Jérôme Voiturier, directeur général de l’Uniopss.