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Tribune libre19 janvier 2021
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La loi Grand âge ne doit pas être l'Arlésienne du gouvernement

Le porte-parole du gouvernement a annoncé que la loi Grand âge et autonomie ne pourrait advenir qu'une fois la crise sanitaire terminée. Exaspéré par ce nouveau recul, le directeur général d'Adédom, Hugues Vidor, nous explique dans une tribune libre * pourquoi il faut mener de front la loi et la lutte contre le Covid-19.

          Malgré la promesse du président de la République d’une loi annoncée avant l’automne 2019 comme le marqueur social de ce quinquennat et les déclarations répétées du ministre de la Santé et de la ministre de l’Autonomie ;

          Malgré de nombreuses concertations et rapports, notamment ceux conduits par Dominique Libault ayant pour thématique « Grand âge et autonomie » (mars 2019) et par Myriam El Khomri ayant pour ambition de proposer un « plan de mobilisation nationale en faveur de l’attractivité des métiers du grand âge » (octobre 2019) ;

          Malgré la création historique d’une 5e branche de la sécurité sociale au lendemain de la première vague de la crise sanitaire de la Covid-19 ;

          Malgré la mobilisation des professionnels sans discontinuité pendant la crise sanitaire ;

          Malgré l’urgence d’apporter une réponse de qualité aux personnes âgées ;

Nous ne pouvons pas nous satisfaire de l’offre qui existe actuellement où l’aide à domicile permet, trop souvent, de simplement maintenir une personne en vie avec un minimum de dignité à savoir être levé, lavé, nourrit et avoir son logement entretenu

          Malgré l’impossibilité à répondre aux demandes ;

Environ 30 % des demandes d’accompagnement ne peuvent être satisfaites en raison des difficultés que nos associations rencontrent pour recruter des professionnels d’intervention à domicile. En effet, ces métiers du grand âge en général, et ceux de l’accompagnement à domicile en particulier, souffrent depuis plusieurs années d’une profonde crise du recrutement. Comment pourrait-il en être autrement ?

          Malgré une pénibilité à la fois physique et psychique (le taux d’accidentologie de notre secteur est supérieur à celui du bâtiment) et une rémunération très faible, pour ne pas dire indigne ;

Les efforts de gestion conduits par les gouvernances associatives depuis de nombreuses années ne nous permettent plus d’avoir la moindre marge de manœuvre face à des tarifications départementales inférieures à notre coût de revient

          Malgré des réponses publiques aux problématiques du secteur systématiquement et exclusivement orientées vers la loi « Grand âge et autonomie » (LGAA) à venir (les réformes de la tarification des Saad, son circuit de financement, l’articulation de l’aide et des soins, ainsi que la politique salariale) ;

Un coup mortifère porté au secteur

Hugues Vidor

La déclaration faite le 14 janvier par le porte-parole du Gouvernement, Gabriel Attal, sur un énième report de la Loi Grand âge et autonomie est un nouveau coup mortifère porté à l’ensemble du secteur alors que cette nouvelle et ambitieuse politique publique est attendue : plus de 80 % des Français souhaitent vieillir à domicile.

Cette position n’est pas acceptable ni supportable pour les personnes âgées en perte d’autonomie, pour les personnes en situation de handicap, pour les professionnels et les dirigeants et les élus des entreprises associatives. L’heure n’est donc plus aux débats, encore moins aux diagnostics.

En même temps et ensemble

Pendant la crise sanitaire, rappelons le rôle essentiel des intervenants à domicile pour éviter l’isolement des personnes âgées et désengorger les hôpitaux. Rappelons les déclarations du président de la République et des ministres sur leur rôle indispensable et leur dévouement.

Il faut l’affirmer et l’assumer, le domicile doit être la priorité de la politique publique, c’est un maillon essentiel dans le prendre soin et dans la cohésion sociale de notre pays. Leur rôle va être capital dans la campagne vaccinale. Il n’est plus temps de se satisfaire de promesses ! Il n’est surtout plus temps d’attendre ! La loi LGAA ne doit pas être l’Arlésienne du gouvernement et de nos gouvernants !

Alors oui, rien n’empêche de gérer et régler la crise sanitaire et en même temps de travailler à cette loi ambitieuse et nécessaire sur le grand âge ! Oui, vous et nous, en sommes capables en même temps et ensemble !

* Les propos tenus dans le cadre des tribunes libres n'engagent pas la rédaction du Media social.

À lire également : L'aide à domicile révoltée par l'ajournement de la loi Grand âge

HuguesVIDOR
Directeur général de la fédération du domicile Adédom et président de l'Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire (Udes)
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