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Article05 mai 2020
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Grand âge : les directeurs de l'AD-PA veulent de vrais changements

À quelques jours du déconfinement, l'Association de directeurs dans le secteur de l'âge (AD-PA) donne de la voix pour exiger des pouvoirs publics qu'ils n'oublient pas ceux partis au front contre le coronavirus. Première étape : recevoir fin mai la prime exceptionnelle de 500 euros.

« Liberté, égalité, fraternité ». Pour exprimer les exigences éthiques que la société doit avoir en direction des très âgés et des très vulnérables, Pascal Champvert n'hésite pas à endosser la trilogie républicaine. Sur la liberté, estime le président de l'AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées), « il faut trouver un équilibre entre sécurité et liberté. Mais nous nous opposons à ceux qui veulent maintenir les dispositions les plus sécuritaires ».

Contrecarrer la peur

Question égalité, l'AD-PA rappelle son combat contre l'âgisme. « L'égalité à tous les âges est constitutive de notre régime », explique Pascal Champvert. Et pour atteindre l'objectif de fraternité, il nous faut lutter contre le règne de la peur qui imprègne les esprits. Dans un topo lyrique, il estime que le seul moyen de contrecarrer la peur, c'est de faire émerger « l'amour ou la fraternité ».

Grand récit de vie

À celui qui serait surpris d'une telle spiritualité, Pascal Champvert, une trentaine d'années d'engagement pour les vieux au compteur, rappellerait que « la politique doit se nourrir de réflexion éthique ». « Il nous faut, ajoute-t-il, un grand récit de vie. Je parle de vie, pas de survie ». Les traumatismes sont là : on ne pourra pas refermer la parenthèse par deux ou trois formules. Il se félicite à cet égard de la saisine du Comité consultatif national d'éthique qui a rendu un avis très attendu sur les espaces de vie des résidents d'Ehpad.

Plus de participation des personnes âgées...

Pour l'après-confinement (même si les choses vont se faire très progressivement dans ce secteur), le président de l'AD-PA insiste sur la participation des personnes âgées. « L'ensemble de la vie sociale doit s'adapter à la personne âgée, même quand elle présente des déficiences », insiste-t-il. Il faut, dès lors, développer des outils pour faciliter cette participation. Par ailleurs, la logique domiciliaire qui a été adoptée par la CNSA en 2018 doit vraiment se déployer notamment dans les établissements.

 ... comme pour les salariés

Concernant les salariés, Pascal Champvert rappelle que beaucoup sont allés au travail sans protection, au moins les premières semaines. « La société leur doit quelque chose. » Ils doivent déjà être mieux représentés dans leur structure : l'exemple d'Alenvi est cité par le président de l'association de directeurs.

Le scandale des primes

Une des grandes leçons de cette grave crise sanitaire est, selon Pascal Champvert, qu'il n'est plus possible de tolérer des écarts entre le sanitaire d'un côté et le médico-social de l'autre. Le fait d'octroyer 1 500 € au personnel hospitalier des zones en tension et de ne donner que 500 € aux agents des Ehpad et de l'aide à domicile, même dans les départements très exposés au coronavirus est vivement critiqué. De même, les procédures sont dénoncées. « Il n'est pas possible de nous dire qu'il faut se tourner vers les départements avant de recevoir l'argent. L'État doit verser à l'ensemble des professionnels la prime et ensuite, se retourner éventuellement vers les départements », explique le président de l'AD-PA, très remonté contre cette injustice.

Verser la prime fin mai

L'AD-PA invite d'ailleurs tous les employeurs de l'aide à domicile et des Ehpad à verser cette prime de 500 € dès la fin mai, et même si aucun résultat n'est ressorti des négociations entre l'État et l'Assemblée des départements de France (ADF). Ceux qui étaient au front, parfois dans l'indifférence générale et très longtemps sans protection, doivent être très vite gratifiés.

5 ou 6 milliards d'euros pour des recrutements

La prime ne saurait suffire, il faut améliorer vite les conditions de travail. L'AD-PA souhaite que parmi les 100 milliards d'euros du plan de relance, « c inq à six milliards soient destinés au recrutement de professionnels dans le secteur. » Au sein de ce volant de nouveaux emplois, il devrait y avoir, soutient l'AD-PA, des psychologues et des coachs pour soigner le stress des professionnels, des personnes âgées et des familles. L'arrivée de ces nouveaux salariés permettrait d'atteindre le ratio d'un professionnel pour un résident.

Des ordonnances financières vite 

Point important par rapport au calendrier, Pascal Champvert souhaite dissocier la loi « grand âge et autonomie » qui fixe des grands objectifs - et qui devrait prendre du temps vu l'encombrement du Parlement - des ordonnances qui devraient être adoptées avant l'été sur le volet financier. Il y a, en effet, urgence et les structures ne pourront pas attendre l'automne ou l'hiver prochain avant d'être assistées financièrement. 

Prudence sur les décès

Enfin, sur le déconfinement lui-même, l'Association de directeurs demande à l'État de le coconstruire avec les professionnels sous peine de rencontrer « de grandes déconvenues ». Sur le bilan des morts, Pascal Champvert invite, en l'absence de statistiques très claires, à la plus grande prudence. « Où place-t-on les décès des USLD ou des résidences autonomie ? N'oublions pas qu'en 2004, au moment de la canicule, on s'est rendu compte à la fin qu'il y avait eu autant de décès en établissement qu'à domicile. » 

NoëlBOUTTIER
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