Cinq millions de personnes vivent dans un logement au nombre de pièces insuffisant tandis que dix millions sont en situation d'isolement, révèle l'Insee dans une étude sur les conditions de confinement des Français.
Les Français ne sont pas tous égaux face au confinement. Si certains ont pu se ruer vers leurs résidences secondaires ou en profitent pour se retrouver en famille, d'autres sont confinés dans les logements exigus ou voient leur isolement aggravé. C'est cette réalité que l'Insee met en lumière, chiffres à l'appui, dans un « Focus » publié le 21 avril.
Un tiers des Français vit dans un logement suroccupé
Près des deux tiers de la population vit habituellement dans une maison, indique l'Insee, « laquelle possède un jardin dans 95 % des cas ». Le tiers restant vit en appartement, où l’accès à l’extérieur est forcément plus restreint. À cet enfermement peut venir s'ajouter l'exiguïté du logement : en 2016, plus de 5 millions de personnes vivaient dans un logement suroccupé, c’est-à-dire qu’elles vivent à deux ou plus dans un logement où le nombre de pièces est insuffisant au regard de la taille de leur ménage.
L'Ile-de-France et PACA sont les plus touchées
Les ménages concernés résident majoritairement dans les grandes agglomérations. Près des trois quarts habitent dans une agglomération de plus de 100 000 habitants. Les deux régions métropolitaines les plus touchées sont l’Ile-de-France (12,7 %) et la Provence-Alpes Côte d’Azur (7,5 %). La situation est encore plus marquée dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) de ces régions, où respectivement 25,4 % et 18 % des ménages vivent dans un logement suroccupé, ce taux dépassant 35 % dans certains QPV.
Le phénomène est également important dans les départements d'outre-mer. En Guyane, 34,5 % de la population vit dans un logement suroccupé, contre 10,4 % à La Réunion, 9 % en Martinique et 8,7 % en Guadeloupe.

Les familles monoparentales particulièrement concernées
La situation varie selon la composition du ménage. Si les couples sans enfant sont relativement épargnés (1,7 %), il manque au moins une pièce à 8,1 % des couples avec enfants et à 18,1 % des familles monoparentales.
Plus de 10 millions de Français isolés
Alors que certains souffrent d'une trop grande promiscuité au sein de leur logement, d'autres Français sont touchés par l'isolement. C'est le cas de 10,5 millions de personnes dont près d'un quart est âgé de 75 ans et plus. Cette situation n'est pas sans conséquence, rappelle l'Insee, notamment « sur le moral mais aussi sur la santé, et peut complexifier les actes indispensables de la vie quotidienne ».
Plus d'isolement dans les territoires ruraux
Là encore, la situation varie selon les territoires. L'étude constate que les personnes âgées vivant seules représentent une part importante de la population dans les territoires ruraux, en particulier ceux du centre de la France. Par ailleurs, 13,3 % des personnes de 75 ans ou plus vivant seules résident dans une commune dépourvue de tout commerce alimentaire généraliste. Ce taux s’élève à 45 % dans la Meuse ou la Haute-Saône.
Pour tenter de remédier à cette situation, l'ancien député socialiste et membre de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), Jérôme Guedj, a formulé, à la demande du ministre des Solidarités et de la Santé, une série de propositions visant à lutter contre l'isolement des personnes âgées.

Les revenus et le handicap, facteurs aggravants de l'isolement
La situation varie également selon les revenus : 1,7 million de personnes seules vivent sous le seuil de pauvreté en France métropolitaine. Les personnes en situation de handicap sont également particulièrement vulnérables : sept personnes sur dix qui perçoivent l'allocation aux adultes handicapés (AAH) vivent seules et se retrouvent particulièrement isolées en situation de confinement.
Le numérique, une compensation inégalitaire
Si les outils numériques peuvent permettre de conserver un lien social, l'Insee rappelle utilement qu'en 2019, 12 % des Français n’ont pas accès à Internet à leur domicile. Cette fracture numérique est plus marquée pour les personnes plus âgées (53 % des 75 ans ou plus) et celles peu diplômées (34 % des personnes sans diplôme ou titulaires d’un certificat d’études primaires).
Parmi les enfants de moins de 17 ans, 2 % ne disposent pas, à leur domicile habituel, de l’abonnement ou du matériel pour se connecter à Internet. Un chiffre qui s'élève à 3,5 % pour les enfants des familles monoparentales.