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Article23 mars 2020
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Protection de l’enfance : un peu d’air dans le confinement

Désormais les professionnels du secteur, eux aussi, peuvent faire garder leurs enfants. De quoi limiter l'absentéisme dans les établissements, qui doivent maintenir le confinement des enfants contre le covid-19.

Après une première semaine de confinement imposé, dans les établissements de la protection de l’enfance, la nouvelle devrait redonner un peu de souffle aux professionnels. À compter de ce lundi 23 mars, tous ceux qui travaillent « dans les établissements et services départementaux, publics et associatifs de protection de l’enfance et de protection maternelle et infantile » font partie « des professionnels désignés prioritaires pour bénéficier de la garde d’enfants, de l’accès aux écoles et collèges, de l’accueil en crèche et de la scolarisation de leurs enfants ». La décision, ainsi formulée lundi par le cabinet d’Adrien Taquet, devrait soulager bien des établissements [1].

20 % d'absents

« C’est évidemment une bonne nouvelle », apprécie André Altmeyer, le directeur général adjoint des Apprentis d’Auteuil, accompagnant 7 000 jeunes rien qu'au titre de la protection de l’enfance. « En Ile-de-France par exemple, dans certains de nos établissements, il a pu manquer 20 % de nos personnels la semaine dernière. Beaucoup, en effet, devaient rester chez eux pour veiller sur leurs propres enfants. »

Rien de prévu

Car si des gardes avaient bien été organisées, dès le 16 mars, pour les enfants des soignants mais aussi de professionnels sociaux et médico-sociaux, rien n’avait encore été prévu pour les salariés de la protection de l’enfance. Dès lors, dans les premiers jours du confinement, les taux d’absentéisme pouvaient atteindre 20 %, dans les établissements publics du Gepso, et même jusqu’à 30 %, parmi les adhérents de la Cnape. Aux yeux de sa directrice générale Fabienne Quiriau, la semaine dernière, les associations partageaient même « un grand sentiment de solitude, avec très peu de soutien des conseils départementaux »

Messages

Le secrétaire d’État à la Protection de l’enfance aura d'ailleurs fait passer quelques messages, le 21 mars, dans un courrier aux présidents des départements, qui sont en charge de l’aide sociale à l’enfance. Tout en saluant leur « engagement » ainsi que celui des professionnels, Adrien Taquet y estime « nécessaire », notamment, de « garantir la continuité d’activité pour les interventions » à domicile, en maintenant un « contact au moins téléphonique avec l’ensemble des familles ». Il suggère, en outre, de « mettre en place une permanence éducative téléphonique », à l’attention notamment des assistants familiaux. Le secrétaire d’État invite aussi les départements à « prolonger la prise en charge au titre de l’aide sociale à l’enfance des mineurs au-delà de l’âge de 18 ans lorsque le jeune n’est pas autonome ». Enfin concernant les mineurs non accompagnés, selon lui, « priorité doit être donnée à leur mise à l’abri quand bien même les conditions de l’évaluation de la minorité sont perturbées ».

Deuxième semaine

Pour les enfants protégés, et pour les professionnels qui veillent sur eux, il reste maintenant à affronter une deuxième semaine sans sortie. Dans les Pyrénées-Orientales, à l’Association départementale des PEP (ADPEP 66), l’un des sites est au moins juché sur le plateau de Cerdagne, avec un terrain au grand air. Mais globalement, « les professionnels ont déjà quelques difficultés à garder les enfants enfermés », témoigne le directeur général Jean-Yves Boullet. « Et c’est pour le placement à domicile que les complications commencent, avec des visites sans masque et sans gant, ce qui inquiète les professionnels, tout comme les familles. »

Isolement

Les Apprentis d’Auteuil, de leur côté, peuvent au moins profiter de l’expérience de leurs établissements en Alsace et dans l’Oise, qui ont été confinés plus tôt. « Après une première semaine de réorganisations, créant de l’incertitude et de l’inquiétude, la deuxième semaine y a été marquée par la crainte d’un manque d’effectifs, avec parfois 25 % d’absentéisme, pour cause de santé fragile ou de garde d’enfants », décrit André Altmeyer. Alors, pour y faire face, ces établissements ont misé sur la solidarité à travers la protection de l’enfance, sur les bénévoles, ou sur les ressources propres à la fondation – avec notamment une plateforme en ligne de propositions d’activités. Pour tous les professionnels, conclut-il, « il peut y avoir un sentiment d’isolement, et il est extrêmement important pour eux de ressentir de la solidarité. » Le directeur général adjoint peut d'ailleurs en témoigner : il est « émerveillé par la qualité de leur engagement ». Voilà qu'ils vont pouvoir retrouver, enfin, une partie de leurs collègues.

[1] Mise à jour au 24 mars : le cabinet d'Adrien Taquet précise qu'aucun texte officiel n'est à attendre, puisque un courrier électronique a déjà été adressé le 22 mars par le ministère de l'Education nationale à tous les recteurs des académies « pour poser cette extension aux professionnels de la protection de l'enfance ». La consigne a ainsi pu prendre effet dès le lundi 23 mars, « comme pour les autres professionnels déjà bénéficiaires » .  

OlivierBONNIN
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