L’intelligence artificielle (IA) générative s'impose dans l'action sociale, promettant des gains de temps mais fragilisant les savoirs des travailleurs sociaux. À mesure que les tâches s'automatisent, le risque grandit de perdre en compétences et en esprit critique, alerte Jean-Luc Gautherot, ingénieur social, dans sa dernière chronique*.
En quelques mois, l’intelligence artificielle générative (IAG) a déferlé dans le champ de l’action sociale, sans que les acteurs du secteur n’aient eu le temps de bien identifier les aspects positifs et négatifs du phénomène. Un constat se dégage de ces premiers mois d’expérimentation. Avec l'IAG, on va plus vite, mais on devient plus bête.
Et ce n’est qu’un début
Comme dans les autres secteurs, les travailleurs sociaux utilisent les chatbots généralistes pour un usage professionnel (ChatGPT, le chat). Avec le développement des applications d’IAG dédiées au monde de l’action sociale, comme celles qui automatisent les plannings, celles qui se connectent au SI des ESSMS (CaseAI), l’usage de l’IAG va très probablement monter en puissance.
D’autant qu’un consensus autour de l’idée qu’il faut s’engager activement dans cette révolution semble aujourd’hui s’imposer dans les instances nationales. L’Anap fait la promotion de l’IAG sur un site dédié. La CNSA a publié sa feuille de route 2025-2026 de déploiement proactif de l’IA.
Gagner du temps
Les premiers constats sont assez unanimes, l’utilisation de l’IAG fait gagner du temps. L’IAG est considérée comme la solution qui libère les travailleurs sociaux de terrain et leurs cadres de la charge des productions bureaucratiques. Une IAG régulièrement alimentée par les données d’un SI sait produire un rapport d’activité, des projets personnalisés, des rapports d’évaluation, des statistiques, des procédures.

