Une nouvelle réforme des diplômes du travail social se profile, relançant le débat entre modernisation des formations et défense des identités professionnelles. Jean-Luc Gautherot, ingénieur social, analyse dans cette chronique* les enjeux, les tensions et les effets possibles sur le terrain.
Une énième réforme des diplômes d’État du travail social est dans les tuyaux. Les formations de niveau 6 sont les premières à passer à la moulinette avec un vote des nouveaux référentiels par la commission professionnelle consultative (CPC) en juillet 2025.
Cette réforme ne reprend pas pleinement l’idée de fusion des diplômes, mais elle s’en approche, ce qui déclenche la résistance des représentants des métiers qui craignent une disparition des identités professionnelles.
Le camp des résistants aura-t-il gain de cause ? Et si la réforme passe qu’elle sera son véritable impact ?
Bis repetita
En 2015, les États généraux du travail social avaient abouti à un plan qui prévoyait la fusion des diplômes par niveau. Suite à la mobilisation des représentants des métiers, ce projet avait été abandonné au profit d’un tronc commun.
Dix ans plus tard, l’histoire semble se répéter. La grande concertation pilotée par le Haut conseil du travail social (HCTS) et la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) a donné lieu à l’écriture du Livre blanc du travail social, qui préconise « un nouveau schéma général » des formations qui doit contribuer à une plus grande attractivité des métiers.
La réforme propose une structure en trois blocs de compétences communs à tous les diplômes d’un même niveau, complétée par un bloc spécifique au métier préparé.
Une personne titulaire du diplôme d’éducateur spécialisé n’aurait alors qu’à passer le bloc spécifique au métier d’assistant de service social pour obtenir le DEASS. La réforme fait le pari que cette plus grande fluidité rendra les métiers de l’action sociale plus attractifs.