Dans une note publiée le 29 avril, France Stratégie dresse une typologie inédite des métiers au temps du coronavirus à partir de leurs vulnérabilités. Risque infectieux et surcroît de travail caractérisent les métiers du soin et du travail social.

L’épidémie du Covid-19 et le confinement qu’elle a entraîné depuis le 17 mars ont des conséquences certaines sur l’activité économique du pays. Dans une note publiée le 29 avril, France Stratégie, organisme de prospective rattaché au Premier ministre, s’intéresse aux impacts de la crise sanitaire sur les différents métiers, au-delà des aspects économiques. En étudiant également les vulnérabilités en matière de conditions de vie et de conditions de travail, elle dresse une typologie inédite des métiers au temps du coronavirus en cinq catégories.

Une vulnérabilité économique importante pour les deux premières catégories

Les deux premières catégories, les « vulnérables de toujours » et les « nouveaux vulnérables », totalisent 8,5 millions de personnes (32 % de l’emploi) et coïncident largement avec les salariés en chômage partiel (11,3 millions au 28 avril, selon la Dares). Les professionnels de la première catégorie conjuguent difficulté à travailler à distance et statuts souvent précaires (artisans et ouvriers de l’industrie et du bâtiment), alors que ceux de la deuxième catégorie ont vu leur activité ralentir voire s’arrêter (métiers du transport, de l'hôtellerie-restauration par exemple). Ces deux groupes sont très exposés au risque économique.

Les métiers du soin et du travail social « au front »

Dans la catégorie « au front » dans la crise (10,4 millions de professionnels directement ou indirectement en première ligne), aux côtés des métiers de la santé, de l’éducation ou des professions régaliennes entre autres, se trouvent les métiers du travail social. L’activité de ces professionnels est maintenue, ils restent actifs pour répondre à l’urgence sanitaire et sociale et aux besoins des personnes fragiles et démunies.

Peu vulnérables économiquement pendant la crise, ces métiers sont en revanche souvent soumis à une intensification du travail et à un risque infectieux par leur contact direct avec le public. Cette particularité risque « d’aggraver des conditions de travail déjà jugées difficiles par certains professionnels, avec une part des horaires atypiques plus élevée que la moyenne et une charge mentale forte », précise la note.

Le nombre de parents isolés, important dans ces métiers souvent occupés par des femmes, « renforce les difficultés à concilier la garde des enfants et un rythme de travail intense ».

Ces métiers ont également en commun d’avoir une faible rémunération.

Hyperconnectivité et éloignement de la sphère professionnelle

Les deux dernières catégories regroupent les télétravailleurs (en grande partie cadres), qui sont exposés à un nouveau risque d’hyperconnectivité (3,9 millions d’emplois) et nombre de professions intermédiaires ou d’employés qualifiés (4 millions d’emplois), qui, bien que protégés du licenciement à court terme par leur statut se trouvent exposés à des risques d’éloignement de la sphère professionnelle à cause de leur difficulté à télétravailler. Ils sont pour la plupart en activité partielle pendant la crise.

Adapter la sortie du confinement

France Stratégie conclut sa note en attirant l’attention sur la nécessité d’adapter la sortie du confinement aux différents types de vulnérabilité auxquels sont confrontés les métiers. Et prévient que « la récurrence vraisemblable de crises majeures - sanitaires ou autres - imposera également des mesures durables d’hygiène et de sécurité qui transformeront les collectifs de travail et pourraient imposer de nouveaux modes de collaboration et d’organisation du travail ».