Anne-Hélène Moncany, psychiatre et ex-présidente de la Fédération française des Criavs, plaide pour une prise en charge éducative et sociale des mineurs auteurs de violences sexuelles, afin de prévenir la récidive. Il faut agir sur tous les maillons : l’enfant, l’entourage, l’école, la société.
Le rapport sur le « parcours des mineurs auteurs de violences sexuelles », remis au gouvernement en septembre 2025, met en lumière un sujet longtemps tabou : celui des enfants qui commettent des agressions.
Pour Anne-Hélène Moncany, psychiatre au centre hospitalier Gérard Marchant à Toulouse, et ex-présidente de la Fédération française des Criavs (centres ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles), il est urgent de penser un accompagnement éducatif et social à la hauteur de leur complexité, car les enfants qui passent à l'acte sont aussi très souvent victimes eux-mêmes. Interview.
Lire notre article sur ce rapport, « Mineurs auteurs de violences sexuelles : des parcours de prise en charge à repenser ».
Le rapport remis au gouvernement a-t-il permis de faire bouger les lignes ?
Anne-Hélène MoncanyOui, il a permis de rendre visible un sujet qu’on porte depuis une dizaine d’années, souvent sans être entendus. Jusqu’à récemment, dans l’imaginaire collectif, l’auteur de violences sexuelles c’était “le monstre”, le “malade mental” caché dans un parking.
En réalité, c’est le plus souvent “monsieur tout-le-monde”, issu de l’entourage proche. Quand il s’agit de mineurs, cela bouscule encore davantage : cela remet en cause l’image de l’enfant forcément vulnérable et victime.

