Trop fréquent ? Trop systématique ? Carrément « abusif » ? La pertinence du recours au placement comme modalité de protection des enfants en danger en France est de plus en plus débattue ces derniers temps dans l'espace public.  

À mesure que la société s’intéresse davantage à la protection de l’enfance, que le secteur se politise et se médiatise, les langues se délient : celles des anciens enfants placés qui ont gagné leur place légitime dans le débat public, mais aussi celles des parents, plus présents sur les réseaux sociaux, accompagnés par des avocats spécialisés ou des associations.

Brûlant, par les enjeux qu'il implique, le sujet mérite prudence et nuance, car il relève de logiques complexes. D'ailleurs, dès le chiffrage les analyses divergent. Si le rapport parlementaire d'Isabelle Santiago pointe la France comme le « premier pays d’Europe en termes de placements en institution », le taux de placement dans l'Hexagone serait, rapporté au nombre d'enfants de la tranche d'âge, « très similaire à celui de l'Allemagne, du Luxembourg ou de la Finlande, et bien en deçà des pays d'Europe de l'Est », contredit la sociologue et démographe Isabelle Frechon, spécialiste du sujet.

Et si tout le monde s'accorde sur l'augmentation des mesures de placement ces dernières années, le phénomène ne saurait être imputé à une seule et unique cause.

De leur place et à la lumière de leur expertise propre, travailleurs sociaux de l'aide sociale à l'enfance, juges des enfants, ex-enfants placés, avocats spécialisés ou responsables associatifs avancent des explications distinctes, qui ne mettent pas seulement en cause les dysfonctionnements – réels – du système de protection de l'enfance.

Leurs éclairages respectifs sont à découvrir dans notre enquête long format de la semaine, à lire juste ici ⇒ « Protection de l’enfance : la France placerait-elle trop ses enfants ? »