À l'aube de sa fin de mandat, l'heure est à l'état des lieux de l'action d'Emmanuel Macron sur quelques grandes priorités en matière sociale et médico-sociale. Ce 5e volet de notre série porte sur l'école inclusive, cheval de bataille affiché de la présidence. Au-delà des chiffres, encourageants, la réalité décrite par les acteurs de terrain apparaît plus complexe, et moins réjouissante.
Certes, l’école inclusive est sur toutes les lèvres depuis des années, et Sophie Cluzel, secrétaire d’État en charge des personnes handicapées, a joui d'une assez belle visibilité médiatique pendant ce quinquennat.
Sa nomination, en 2017, offrait un espoir légitime aux 12 millions de personnes concernées en France, et à leurs aidants et aidantes, de voir leurs nombreuses attentes satisfaites.
Des chiffres en hausse
Invitée de la radio France Inter le 12 janvier dernier, elle rappelait qu'en 5 ans, 100 000 enfants de plus en situation de handicap ont été scolarisés en milieu « ordinaire » - ils sont aujourd’hui 400 000 au total.
Et que les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) ont vu leur effectif augmenter de 35 % pour atteindre 125 500, défendant au passage « une vraie prise en considération de leur statut, beaucoup moins précaire qu’avant ».
Une grande déception
Pour Caroline Boudet, journaliste et mère d’une petite fille de 7 ans en situation de handicap scolarisée en grande section de maternelle, « soit Sophie Cluzel ne sait pas ce qu’il se passe, soit elle ment ».
Elle ajoute : « La déception est à la hauteur des espoirs suscités. Alors oui, on a énormément entendu le mot inclusion, mais il ne suffit pas de plaquer le mot partout pour que cela existe ».
Un statut « honteux »
La mère de la petite Louise, accompagnée 15 heures par semaine par une AESH, s’agace de cette mise en avant des chiffres et rappelle les limites imposées dans la réalité.
« Encore aujourd’hui, au-delà de 15 heures, la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) estime que votre enfant n’est pas adapté à l’école ! Et que dire du statut honteux des AESH ? Le mépris envers cette fonction démontre par ricochet un mépris pour les élèves handicapés. »
Sous le seuil de pauvreté
Peu ou pas formés, non reconnus fonctionnaires, ne touchant pas de prime REP +, les AESH, payés au Smic horaire et bénéficiant le plus souvent de contrats de 24 heures, vivent sous le seuil de pauvreté avec environ 760 € de salaire net.
« Mais le temps école c’est 24 heures : elles [les AESH] sont donc souvent sur un contrat de 24 heures », expliquait Sophie Cluzel dans la première matinale de France.