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Article21 avril 2020
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Hugues Vidor (Udes) : « La facture de la crise sanitaire sera lourde »

Les entreprises de l'économie sociale et solidaire sont frappées de « plein fouet » par la crise sanitaire, alerte l'Union des employeurs de l'ESS. Dans le secteur social et médico-social, l'inquiétude monte sur le maintien des dotations et la pénurie de protection individuelle.

Comment le champ de l'économie sociale et solidaire (ESS) traverse-t-il la crise sanitaire liée au Covid-19 ? Cinq semaines après le début du confinement, l'Union des employeurs de l'ESS (Udes) a dressé un premier état des lieux des difficultés rencontrées en particulier par les acteurs du secteur social et médico-social, lors d'une visioconférence le 21 avril.

Activité des Saad en baisse

Si « le choc est terrible » pour une partie des entreprises de l'ESS dont l'activité s'est totalement arrêtée (le tourisme social, la culture, le sport...), les secteurs de première ligne comme ceux du social et du médico-social sont également « très tourmentés », a ainsi indiqué Hugues Vidor, président de l'Udes. En particulier, « les services d'aide à domicile ont vu leur activité baisser de 30 à 40 % » et certains établissements sociaux ou médico-sociaux ont tout simplement fermé leurs portes. Or dans le même temps, les gestionnaires ont dû faire face à de nouvelles dépenses liées à des livraisons d'équipements de protection individuelle (EPI) ou à la recherche de nouvelles ressources humaines.

Questions de survie

Face à ces constats, « la facture va être lourde », prévient déjà le président de l'Udes qui craint que le secteur – en particulier du domicile - ne soit confronté à des « questions économiques de survie » lors du redémarrage de l'activité.

Et le président de l'Union, également directeur général d'Adedom, d'enfoncer le clou : «  Il y a une inquiétude sur le financement des services et les gestionnaires ont besoin d'avoir la certitude que leurs dotations seront maintenues ». Certes l'ordonnance du 25 mars, et l'instruction qui l'accompagne, enjoint les financeurs à maintenir les dotations malgré la baisse d'activité mais « il reste des angles morts dans ces textes, qui ne couvrent pas les activités non tarifées des Saad [services d'aide et d'accompagnement à domicile] par exemple ».

Selon lui, des demandes de fonds d'urgence pour le redémarrage de l'activité lors du déconfinement ont déjà été formulées par les fédérations.

Les associations écartées des aides de l'État ?

Quant aux dispositifs déployés par l'État (chômage partiel, fonds de solidarité, prêt bancaire garanti), les structures de l'ESS « ont du mal à y accéder ». Dans certaines régions, les services de l'État refusent aux associations l'accès à ces dispositifs au motif qu'elles reçoivent déjà des subventions, a ainsi expliqué Sébastien Darrigrand, directeur général de l'Udes, qui plaide pour une régularisation après coup. Une circulaire du Premier ministre devrait venir clarifier ces questions dans les jours à venir.

Sécuriser les employeurs

Au-delà des aspects économiques, l'Udes s'inquiète de la pénurie d'équipements de protection (masques, blouses, gants...) pour les salariés et les personnes accompagnées. « Le défaut d'équipement rend l'obligation de sécurité des employés impossibles à remplir », déplore Hugues Vidor qui réclame qu'une instruction soit envoyée aux services déconcentrés de l'État permettant de « sécuriser les employeurs ». Car « actuellement, les directives gouvernementales de sécurité sanitaire (nombre de masques hebdomadaires par exemple) sont différentes de celles des inspecteurs du travail sur le terrain et l'employeur se retrouve en situation d'être mis en cause pour faute inexcusable ».

Vers un nouveau modèle ?

Enfin l'Udes se projette déjà dans l'après-crise. « La pandémie a montré au grand jour notre utilité en matière de soins aux personnes (le care) » mais aussi en matière « de solidarité, d'innovations, de lien social sur tous les territoires ». Considérant qu'« il est temps de donner à l'ESS la place qui doit être la sienne et d'en faire un investissement dans les secteurs de la santé et du médico-social notamment », l'Union se dit déjà « prête » à « inventer le nouveau modèle de développement » évoqué par le président de la République le 13 avril. 

NoémieCOLOMB
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