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Interview19 mai 2025
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"Face au durcissement des politiques migratoires, le travail social montre des formes de résistance"

Comment les travailleurs sociaux peuvent-ils s’adapter aux politiques migratoires actuelles, alors que certaines décisions vont à l’encontre de l’éthique et des valeurs de leur métier ? Les professionnels doivent-ils résister, réinventer le travail social, renouer avec une forme de militance ? Entretien avec le sociologue Frédéric Ballière.

Un an après la loi « immigration », le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a encore durci les conditions de régularisation, mais aussi les critères de naturalisation. Comment le travail social réagit-il face à cette surenchère liée aux politiques migratoires ?

Frédéric Ballière est chercheur associé au CURAPP-ESS et à l’Institut Convergences Migrations, et formateur en travail social chez PraxiSocial.

Frédéric BallièreC’est vrai qu’on observe un durcissement de ces politiques ces derniers temps, mais en réalité ce n’est pas si nouveau que ça, il y a une forme de continuum.

Dès le début des années 1980, il y a un « retournement » des questions politiques liées aux questions migratoires.

Cependant, l’État français est au fond assez contraint par ses engagements internationaux (CIDH, CIDE, convention de Genève…). Alors il va durcir les conditions d’accès au séjour, les conditions de présence des étrangers, notamment en situation irrégulière, mais les personnes ne viennent pas pour les conditions d’installation en France ni les prestations sociales, mais bien parce qu’elles n’ont pas le choix !

Le travail social, lui, est traversé par ce paradoxe, qui fait qu’on a en France une population soumise à des conditions d’accès difficile et aussi une population en situation « illégale », dont l’illégalité est construite par les politiques migratoires.