Directeur général d’une association de protection de l’enfance, vice-président de l’Association nationale des placements familiaux (ANPF) et administrateur de la Cnape, Arnaud Gallais veut mobiliser contre les violences sexuelles commises au sein de l’ASE. Au risque de stigmatiser les professionnels ?
Pourquoi alertez-vous aujourd'hui sur les violences sexuelles subies dans la protection de l’enfance ?
Arnaud Gallais J’ai moi-même été victime d’inceste entre 8 et 12 ans, d’abord par un grand-oncle, puis par deux cousins. Et je souhaite prendre la parole afin que d’autres enfants ne vivent pas ce que j’ai vécu. Or dans la protection de l’enfance, il existe une surexposition aux violences, au sens large : harcèlement scolaire, violences physiques, violences conjugales… Les enfants placés sont souvent victimes de violences successives.
Mais vous parlez là des violences qui ont abouti, justement, à une mesure de protection de l’enfance ?
A.G. Je parle également des violences subies au sein même de la protection de l’enfance. D’après la chercheuse Isabelle Frechon, qui se base sur l’enquête longitudinale Elap, des violences sont déjà déclarées pour 30 % des jeunes intégrant l’aide sociale à l’enfance (ASE). Mais la proportion passe à plus de 60 % parmi ceux qui en sortent. Avec le placement en effet, non seulement certains parviennent à révéler ces faits, mais d’autres, en outre, subissent des violences dans ce cadre.
N’existe-t-il pas de données plus précises sur les violences sexuelles, proprement dites, commises dans le cadre de la protection de l’enfance ?