Dans le Nord, l'aide sociale à l'enfance est "dans une situation extrêmement compliquée", confirment la vice-présidente Marie Tonnerre et sa directrice générale adjointe Anne Devreese. Elles réfutent néanmoins plusieurs alertes de la juge Gisèle Delcambre.
Gisèle Delcambre, la vice-présidente du tribunal pour enfants de Lille, a alerté le Défenseur des droits d’une « situation alarmante de la protection de l’enfance dans le Nord ». Confirmez-vous ce diagnostic, au nom du conseil départemental du Nord [1] ?
Marie Tonnerre Je ne peux pas dire qu’il n’y a pas de problème dans le Nord. Nous sommes le plus gros département de France, avec le plus grand nombre d’enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance [11 812 fin 2020, auxquels s’ajoutent 8 915 actions éducatives, selon la Drees, NDLR].
Or comme l’ensemble des départements, effectivement, le Nord est aujourd’hui touché par une situation extrêmement compliquée. Depuis la pandémie de Covid-19, nous avons enregistré une augmentation de 30 % des ordonnances de placement provisoire (OPP) [que peuvent prononcer les juges pour la protection des enfants, NDLR].
Le placement, en effet, est devenu plus automatique que par le passé : la recherche a démontré l’intérêt d’une prise en charge la plus précoce possible, pour les enfants qui subissent des violences. Et c’est justement pourquoi nous avons décidé d’un plan d’actions, en juin, pour augmenter nos capacités d’accueil.
Dans quelles proportions ?
Anne Devreese Avec ce plan d‘urgence, il a été décidé de créer 150 places supplémentaires en maisons d’enfants, amplifiant ainsi les 150 ouvertures déjà engagées fin 2020 avec notre feuille de route pour la protection de l’enfant. En cette fin d’année, ces 300 nouvelles places sont bel et bien autorisées.