Cette année, le colloque annuel de la Cnape portait sur les violences sexuelles envers les enfants en situation de handicap. Les intervenants ont exposé des pistes d’actions à mettre en place. Un sujet douloureux, invisibilisé, qui commence toutefois à faire l’objet d’attention.
Le constat est « accablant », alerte Didier Tronche en ouverture du colloque de la Cnape (fédération nationale d'associations de protection de l'enfant) consacré aux violences sexuelles envers les enfants en situation de handicap, le 11 juin à Paris.
D’après les chiffres de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), issus de son rapport de 2023, environ 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année.
Selon une étude de la revue scientifique anglaise de référence The Lancet parue en 2012, ces enfants sont entre trois à cinq fois plus exposés à ces violences.
Déni sociétal
Ces violences ne sont pas nouvelles, elles sont même connues. Pourtant, elles sont invisibilisées. Pour Pierre Brasseur, sociologue à l’Université libre de Bruxelles, il ne s’agit pas de phénomènes individuels mais bien d’ « un fait social ».
Cette « mécanique du déni » s’explique par leurs vulnérabilités (handicap, mineur, victime) et la représentation erronée, pour ne pas dire taboue, de la sexualité des personnes handicapées. Ces personnes seraient asexuées et des éternels enfants sur le plan du développement sexuel.
Ainsi, l’éducation sexuelle envers ce public est rare. Et quand des séances sont mises en place, celles-ci ne sont pas toujours adaptées à l’âge des enfants ou à leur niveau de compréhension.