Le média social
Réagir
Imprimer
Télécharger

Violences conjugales : une équipe mobile pour accompagner le départ

Longs FormatsAurélie VION08 juillet 2021
Abonnés

Intervenir rapidement dès qu’une victime de violences conjugales exprime le souhait de quitter son domicile : tel est l’objectif du Dispositif mobile violences (DMV). Adossée au 115-SIAO de Moselle, une équipe de travailleurs sociaux se déplace auprès des victimes, les met à l'abri et les accompagne dans leurs démarches.

Son nom ne figure pas sur la sonnette de l’immeuble et c’est avec un prénom d’emprunt qu’elle accepte de témoigner. Il y a deux mois, celle que nous appellerons Dounia pour respecter son anonymat, déposait plainte contre son mari pour violences conjugales.

« Je suis venue en France pour me marier et j’ai tout perdu. Au Maroc, je vivais avec mes parents et mes frères, j’avais un travail… En arrivant ici, ma vie s’est détruite. »

Battue, surveillée et menacée

Dounia a été orientée vers le DMV par une intervenante sociale du commissariat où elle s'était rendue après une énième dispute avec son mari violent. Mathieu Cugnot/Divergence pour Le Media Social

La jeune femme âgée de 27 ans n’avait pas le droit de sortir seule, son mari la battait plusieurs fois par semaine « pour rien », la surveillait avec des caméras installées dans leur appartement. « Il lui est arrivé de me menacer de me jeter par-dessus le balcon… »

Alertés par les cris, les voisins avaient fait appel à plusieurs reprises aux forces de l’ordre, mais le conjoint violent a forcé Dounia à nier.

« Comme une bête » 

Un soir, après une énième dispute, elle s’en va. « Ce n’était pas une décision facile, mais j’étais au bout de ma vie. J’étais comme une bête. Dans la rue, j’ai demandé à des gens où se trouvait l’hôtel de police et j’ai pris le bus pour la première fois, je ne savais même pas comment faire... », raconte Dounia.

Rencontrer les bonnes personnes

En l’espace de quelques semaines, accompagnée par le DMV, Dounia a progressé à pas de géant : elle a décroché un travail et entamé une procédure de divorce. Mathieu Cugnot/Divergence pour Le Media Social

Au commissariat, elle échange avec une intervenante sociale qui l’oriente vers l’équipe mobile. « J’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes », dit, avec beaucoup de reconnaissance, celle qui vit désormais seule dans un appartement situé à une cinquantaine de kilomètres de son ex-conjoint.

En l’espace de quelques semaines, la jeune femme a progressé à pas de géant : elle a décroché un travail, entamé une procédure de divorce…

« Je n’osais pas en parler »

Le parcours de Fabrice est tout aussi dramatique. Après 14 ans de vie commune avec une femme qui lui fait subir des violences physiques et morales avant de le mettre à la rue, il fait une tentative de suicide. À l’hôpital, une psychologue lui fait prendre conscience qu’il faisait partie des hommes battus.

« Au départ, je n’osais pas en parler, reconnaît-il. À la sortie de l’hôpital, j’ai été dans une mairie, j’ai pris contact avec le 115 et c’est là que j’ai rencontré l’équipe mobile violences. Je suis tombé sur des gens super, toujours présents et à l’écoute », témoigne Fabrice qui a été mis à l’abri dans un hôtel du centre-ville de Metz.

Apprendre à se reconstruire