Dans son récent ouvrage, Simon Burruni, qui a été éducateur spécialisé pendant près de dix ans, s'est penché sur l'accompagnement des femmes victimes de violences conjugales en centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). Interview.
Éducateur spécialisé de formation aujourd’hui conseiller en charge de la lutte contre les exclusions à l’Uriopss Île-de-France, Simon Burruni publie « Accompagner les femmes victimes de violences conjugales : les centres d’hébergement et de réinsertion sociale, un chemin vers l’émancipation ? » (*), issu de son master de recherche en travail social.
L’ouvrage explore les mécanismes des violences conjugales, revient sur l’histoire liée au militantisme féministe, et questionne les pratiques d’accompagnement dans les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) dans leur capacité à favoriser l’émancipation et le pouvoir d’agir des victimes.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à l'accompagnement des femmes victimes de violences conjugales en CHRS ?
Simon BurruniLe point de départ a été ma pratique de terrain. J’ai travaillé une dizaine d’années en tant qu’éducateur spécialisé, en protection de l’enfance puis dans un CHRS accueillant des femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants. J’ai constaté un décalage entre les besoins des femmes, qui ont besoin de temps pour se reconstruire, et les injonctions du cadre du CHRS qui impose une prise en charge rapide pour fluidifier les parcours et pour libérer des places. J’ai aussi été interpellé par les retours de nombreuses femmes qui, une fois relogées, retombaient dans des situations de violences. Cela m’a amené à me questionner sur la pertinence de la réponse apportée aux victimes.
Comment avez-vous procédé pour cette recherche ?

