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Interview24 décembre 2019
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"Une institution dépourvue d’émotions engendrera de la violence"

Médiatisée en début d'année par un documentaire choc sur la protection de l'enfance, explorée récemment par un rapport du Défenseur des droits, la violence commise au sein des institutions sociales et médico-sociales est entrée dans le débat public. Comment les professionnels du secteur travaillent-ils ces risques ? Interview croisée de deux d'entre eux.

En janvier 2019, le documentaire « Enfants placés, les sacrifiés de la République » faisait grand bruit dans le monde de la protection de l’enfance, et au-delà. Le mois dernier, le secrétaire d'État Adrien Taquet présentait les propositions de son plan triennal 2020-2022 contre les violences faites aux enfants, lequel prévoit, entre autres, « une démarche complète de lutte contre la maltraitance ciblée sur les établissements du champ de l’aide sociale à l’enfance ». Le même mois, le défenseur des droits Jacques Toubon, rendait son rapport sur le thème « Enfance et violence : la part des institutions publiques ».

Jérôme Bouts, directeur général de l’Association d’action éducative 44 (AAE 44), et Christophe Verron, directeur général de l’Association régionale des instituts de formation en travail social (Arifts) ont accepté de réagir sur ce sujet sensible. 

Comment avez-vous perçu le documentaire diffusé en janvier dernier ?

Jérôme BoutsJe n’ai pas voulu le voir. Mais j’ai su ce qu'il contenait. D’abord, c’est une réalité, il n’y a pas à nier les faits qui ont été filmés. Mais c’est aussi à charge sur la question de la protection de l’enfance. Le film est pourtant révélateur de dérives à l’œuvre. Cette directrice adjointe qui semble découvrir ce qui se passe sous son toit, c'est un beau symptôme d'une certaine manière d’appréhender les choses. Elle a été courageuse, elle n’a pas fui, mais à l’évidence elle est très loin d’une quelconque clinique nécessaire à l’accueil des enfants.

C’est-à-dire ?

J.B.Plus on mettra à la tête de maisons d’enfants - mais c’est valable pour le milieu ouvert - des nouveaux managers qui sécurisent d’abord les institutions et associations sur le fait qu’ils savent compter mieux que d’autres, plus on court le risque de ce type de dérives. Je ne dis pas que tous les directeurs d’établissement doivent être des cliniciens mais tous devraient avoir une capacité à garantir la clinique dans l’institution. J’ai tendance à penser qu'en tant que directeur mieux vaut être outillé pour comprendre les comportements des jeunes accueillis.

Et vous, Christophe Verron, avez-vous vu le film ?