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Article15 octobre 2019
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Un Festival du film social pour « montrer les invisibles »

Pendant trois jours, 31 films sont projetés gratuitement, de Paris à Nice, pour mettre en lumière les « personnes », plutôt que les « catégories ». Les nombreux documentaires et quelques fictions programmés ont aussi été choisis pour leur qualité.

Au cinéma les frissons ne surgissent pas uniquement des thrillers. L’émotion peut aussi provenir de cette jeune femme en gros plan, jetant tout sourire, depuis une rue parisienne : « Je reviens peut-être dans la street, ok, d’accord, je dois refaire le chemin des foyers d’urgence (…), mais je sais que moi, j’aurai un bel avenir. » [1] La chair de poule est également déclenchée par Thérèse Clerc, la fondatrice de la Maison « autogérée » des Babayagas, lorsqu’elle annonce bravement sa « première et dernière assemblée générale » pour cause de décès imminent [2]. Le trouble peut même naître d’une bande-annonce brute et surréaliste, tournée avec les adolescents d’un Institut médico-éducatif dans le Nord [3]. Et à parcourir tout le programme du Festival du film social, proposé en Ile-de-France et à Nice des 15 au 17 octobre, les frissons semblent devoir y être assez courants.

Un chauffeur et des demandeuses d'asile

Des quelque 90 films candidats pour cette première édition, seuls 31 ont été finalement retenus, comme l’explique Marie-Christine Girod, l’une des chevilles ouvrières de l’événement, lancé le 15 octobre au Petit palais à Paris. « C’est un festival de film avant tout », explique cette responsable de la communication de l’Institut régional de travail social (IRTS) Ile-de-France. Les longs et courts métrages sélectionnés ont ainsi été choisis pour leurs « qualités » cinématographiques, ainsi que pour les « pensées et les émotions » qu’ils suscitent, notamment.

Ainsi arrivent sur les écrans quelques fictions – tel que l’hilarante et glaçante Solution n° 17, de Kévin Grosset – mais avant tout des documentaires, qui mettent en lumière une « grande diversité de situations », comme le relève Vincent Leclercq, du Centre national du cinéma. Une caméra suit par exemple un chauffeur accompagnant des handicapés, tout impassible dans le tumulte de Paris [4] ; une autre expose des demandeuses d’asile, s’essayant à raconter à l’administration comment des homophobes leur ont fait fuir leur pays [5] ; une troisième, encore, donne la parole à des aides à domicile [6] …

Des catégories aux personnes

Tant mieux : si les « catégories » des SDF ou des enfants placés sont bien connues, « les personnes restent des invisibles », souligne Alain Lopez, le président de La 25e image, l’association qui porte le festival. Ces 31 films donnent enfin chair à ces fragilités. « Notre objectif est de montrer davantage à l’écran les invisibles que l’on ne connaît pas, mais aussi tous ces travailleurs sociaux que l’on sous-estime », ajoute Anne Brucy, la déléguée générale du festival. De quoi, espère-t-elle, inspirer « des vocations de travailleurs sociaux, ainsi que de cinéastes ».  

Sept prix

Pour attirer les réalisateurs, sept récompenses ont été prévues, du Prix de la 25e image à celui de l’Unaforis, en passant par le Prix Lien social du conseil départemental des Alpes maritimes. Une telle thématique sociale impose « des films de bonne qualité », prévient Vincent Leclercq, qui préside le jury du premier trophée. « Il faut le champ et le contre-champ », et ainsi ne pas se contenter de montrer « ce qui est formidable ».

Cinéma gratuit

En outre, pour toucher les publics, les 31 films sont projetés gratuitement, sur inscription, parfois avec débats, dans des écoles ou des cinémas, de Paris à Nice en passant par Cergy-Pontoise ou Montrouge (Hauts-de-Seine). « Les salles sont quasiment remplies », se félicite Anne Brucy. Les organisateurs espèrent élargir encore la diffusion à d’autres régions, pour une deuxième édition, et assurer bientôt un accès permanent à ces films, sur une plateforme internet.   

A suivre

Les vétérans apprécieront : ce festival offre ainsi une suite à la Biennale du film d’action sociale, qui s’était essoufflée en 2015 à sa sixième édition. Aux trois écoles de travail social qui y étaient alors impliquées se sont ajoutées d’autres centres de formation, ou encore l’Uriopss Ile-de-France. « La création d’un tel festival est un événement », salue donc Manuel Pélissié, directeur général de l’IRTS de Paris Ile-de-France, présent à la conférence de lancement. « Il est aujourd’hui important de rendre visible le social » et ces 31 films peuvent, selon lui, « donner du sens à l’action ». Un festival à suivre, manifestement.

[1] Comme tout le monde, de Philippe Dinh.

[2] HLM et vieilles dentelles, d’Aurore Le Mat et Chloé Bruhat.

[3] Dans la terrible jungle, d’Ombline Ley et Caroline Capelle.

[4] D’ici là, de Matthieu Dibelius.

[5] Les Portes d’Arcadie, de Carole Grand.

[6] Au Bonheur des dames ?, de Gaëlle Hardy et Agnès Lejeune. 

OlivierBONNIN
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