Remis à la ministre du travail, un rapport écrit par un trio d'experts (Sophie Bellon, Olivier Mériaux et Jean-Manuel Soussan) s'attache à proposer des voies d'amélioration pour le travail des seniors. En effet, la volonté du gouvernement de retarder le départ à la retraite n'a de sens que si les 60-64 peuvent continuer à travailler.

Actuellement, la situation sur ce front n'est pas bonne. En 2018, seules 56 % des personnes âgées de 55 à 64 ans sont actives : 52 % sont en emploi et 4 % au chômage. Mais quand on considère le segment concerné par la réforme (les 60-64 ans), le taux d'activité descend à 31 %. Là aussi, il existe une inégalité selon le niveau de formation. « Le taux d'emploi des personnes de 50 ans et plus se limite à 37,7 % pour les personnes sans diplôme ou seulement titulaires d'un certificat d'étude primaire », souligne le rapport. En comparaison, ce taux atteint les 60 % pour les bac + 2 et 72 % pour les diplômés du supérieur.

Dans le concert européen, la France est particulièrement mal placée. Par rapport à nos voisins allemands, néerlandais et danois, notamment, nous accusons un retard de 19 à 25 points. « Le taux d'emploi des 60 à 64 ans, expliquent les auteurs, demeure l'un des plus bas de l'Union européenne et de l'ensemble des pays avancés. » Reste que comparaison n'est pas raison : de nombreux pays qui ont un taux d'emploi plus important réservent aux plus âgés des temps partiels ; le niveau des retraites est bien souvent plus bas.

La question de la transition vers la retraite est souvent problématique. « A l'âge de 60 ans, près de 28 % des personnes ne sont ni en emploi ni à la retraite », soulignent les trois experts. Parmi eux, 21 % sont inactives (ni en emploi ni au chômage déclaré). Avec quelles ressources vivent ces personnes ? Une moitié bénéficie de prestations sociales (allocations-chômage, allocation de solidarité spécifique) ; un cinquième perçoit l'AAH, le RSA ou la prime d'activité. Quant au quart restant, il ne perçoit aucun revenu....