menuMENU
search

Le Media Social - A chaque acteur du social son actualité

Portrait29 juillet 2022
Abonnés
Réagir
Réagir
Imprimer
Télécharger

"Sans le foyer, sans les éducs, j’aurais pu finir en cabane"

Notre série "à voix haute" donne la parole à celles et ceux que l'on entend peu : les "personnes accompagnées". Daphnée Diomande, 28 ans, est aujourd'hui maître-chien et athlète. Mais sa vie aurait pu basculer. À l’adolescence, elle a échappé de peu à l’incarcération pour des faits graves de délinquance.

Daphnée grandit dans un quartier populaire de Calais avec tout le bagage qu’il faut pour faire la fierté de sa famille. Elle est sage, ses notes à l’école sont excellentes, elle brille en athlétisme. Malgré tout, « je n’ai pas eu une enfance très ordinaire », reconnaît-elle.

À la maison, « le climat n’est pas tendre ». Les parents crient, des objets volent, le père consomme régulièrement de l’alcool. Daphnée ne se souvient pas de marques d’amour : « quand je vois des parents dire "je t’aime" à leurs enfants, ça me fait bizarre. »

« Faire comme les garçons »

Dans le quartier, ici comme ailleurs, des « mauvaises fréquentations » traînent en bas des immeubles. Le frère de Daphnée est bien connu des réseaux, « c’est une figure dans le quartier. »

Pourquoi Daphnée commence à délaisser l’école à l’adolescence, elle qui est en classe européenne, qui fait du grec et du latin en option ? Pourquoi commence-t-elle à se rapprocher de ces « mauvaises personnes » ? « Je ne sais pas trop. J’ai toujours détesté le côté "fragile" qu’on attribuait aux filles. J’étais attirée par le côté fort des garçons, je voulais leur montrer que je pouvais faire comme eux. »

Coup de filet

Dans son quartier, « faire comme les garçons » rime avec les bagarres, les trafics et la délinquance. « Quand t’es H24 en bas de ton immeuble, tu finis par faire des conneries, par routine, par habitude. »

Daphnée finit par se faire interpeller avec dix autres jeunes. « Coup de filet », titre la presse locale. C’est elle qui est chargée des plus gros faits. « J’avais moins peur que les garçons et je voulais me mettre au-dessus d’eux. Même dans les conneries… »

Placée à la PJJ