Robert Lafore, lauréat du Grand prix de la protection sociale 2025, revient pour Le Media social sur l’évolution de l’action sociale en France. Une réflexion critique sur un système hérité de l’assistance publique, encore marqué par des logiques d’exclusion.
Le 3 juillet, Robert Lafore, professeur de droit public et spécialiste des politiques sociales, recevra le Grand prix de la protection sociale 2025, délivré par l’École nationale supérieure de la sécurité sociale (EN3S) et la Caisse des dépôts, pour son ouvrage « L’action sociale en France », publié aux Presses de Sciences Po en 2024.
L'ancien directeur de l’Institut d’études politiques (IEP) de Bordeaux revient pour nous sur cet ouvrage, qui fait la synthèse de ses travaux des vingt dernières années sur la structuration du champ de l’action sociale.
Que représente l’action sociale au sein de la protection sociale ?
Robert LaforePour rappel, ce secteur est l’héritier des dispositifs de l’assistance publique qui est apparue à la fin du 19e siècle en France.
C’est à l’heure de l’industrialisation de la société que s’est mis en place ce système d’aides fournies par la puissance publique, traditionnellement sous la forme de prises en charge matérielles pour les personnes sans ressources personnelles et dénuées de solidarités familiales.
Il avait ainsi vocation à prendre en charge les enfants orphelins de milieux familiaux carencés ou les enfants en danger, les invalides et les vieillards impécunieux comme on les appelait alors.
L’assistance publique a été rebaptisée aide sociale dans les années 1950, avant de prendre le vocable d’action sociale dans les années 90.
L’action sociale est un des deux piliers de la protection sociale avec la Sécurité sociale – deux systèmes qui se sont développés en parallèle au 20e siècle.
Le principal mécanisme collectif de solidarité est celui des assurances sociales, qui ouvre des droits aux gens par le travail ; le second mécanisme permet la prise en charge des groupes dans l’incapacité de travailler.