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Le Media Social - A chaque acteur du social son actualité

Article06 mars 2020
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Rêver à nouveau de la vie

Notre série "À voix haute" donne la parole à ceux qui n'ont longtemps pas eu voix au chapitre : les "personnes accompagnées''. Élodie Carduner a croisé des travailleurs sociaux tout au long de sa vie. En tant qu'enfant placée, d'abord. Puis, son fils a été placé à son tour. Luttant contre ses addictions, elle a été hospitalisée à plusieurs reprises en hôpital psychiatrique. Aujourd'hui, elle tente de se reconstruire.

Nous nous sommes donné rendez-vous chez elle à la sortie de son travail, elle qui ne pensait « jamais pouvoir retravailler ». Élodie Carduner a 39 ans et une vie émaillée de violences, de galères, d'addictions. Une vie de résilience aussi. Elle met le café à réchauffer, nous nous installons dans la salle collective désertée à cette heure.

Chez elle, aujourd'hui, c'est au centre d'hébergement et d’insertion sociale (CHRS) le Safran, à Lorient. Un lieu spécifiquement réservé aux femmes. Un lieu qui l'a sauvée, quand elle était « à deux doigts de la rue ».

Un environnement insécure

Les éducateurs et les professionnels du social, elle les fréquente depuis qu'elle a douze ans. « La première fois que j'ai rencontré un éducateur, c'était suite à une agression sexuelle que j'avais subie par un membre de ma famille. Il y avait eu un jugement, mes résultats scolaires avaient chuté. Un éducateur m'accompagnait pour tout ça. Et en venant à la maison, il s'est rendu compte de ce qui se passait. »

Les parents d’Élodie sont alcooliques, l'environnement familial insécure. L'éducateur alerte les services sociaux et une aide éducative en milieu ouvert (AEMO) est prononcée par le juge des enfants pour tenter de protéger Élodie.

« J'ai détesté ça »

Premier contact avec le monde de la protection de l'enfance, première incompréhension. « J'ai détesté ça, je ne voulais pas qu'on voit ce qui se passait chez moi, je ne voulais pas partir de chez mes parents. Je ne comprenais pas le bien-fondé de ces interventions. Même s'il y avait de la bagarre à la maison, je baignais dedans. Je ne voyais pas pourquoi on voulait m'en sortir. »

Après trois années d'AEMO, la situation ne s'est pas améliorée : le juge prononce le placement. Élodie est accueillie en foyer de protection de l'enfance, de ses quinze ans à ses dix-sept ans. « Même si c'était dur, j'ai vécu de beaux moments en foyer. Avec mon regard d'adulte, je trouve que cela a été utile. Il faut protéger les enfants. »

Reproduire le schéma familial