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Retraites : pour les métiers du social, la pénibilité au cœur du débat

Longs FormatsMariette KAMMERER09 février 2023
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Quel impact aurait la réforme des retraites dans le secteur social et médico-social ? Est-il réaliste d’allonger la durée du travail dans un secteur qui n’attire plus ? Où une partie des salariés termine sa carrière en inaptitude ? Le projet de réforme est l’occasion de relancer le débat sur la pénibilité des métiers et la gestion des carrières.

Les salariés du social et médico-social étaient bien présents dans les récentes manifestations contre le projet de réforme des retraites, qui prévoit le report de l’âge légal de départ à 64 ans. Logique, pour Ramon Vila, secrétaire fédéral Sud Santé Sociaux : « Cette réforme pénaliserait en particulier les femmes, très nombreuses dans le secteur ».

Des départs massifs

Le sujet est également sensible dans le secteur à d'autres égards : la pénibilité de ses métiers, et le caractère massif des départs en retraite prévus à court terme, dans un secteur qui peine à attirer des jeunes.

Ces départs devraient concerner notamment « 20 % des assistants familiaux d’ici cinq ans, soit 7 000 personnes environ », auxquels s’ajouteraient « 8 000 professionnels de l’aide à domicile », selon les fédérations professionnelles. L’Opco santé (1) prévoit également le départ de 11 000 aides-soignants d’ici trois ans dans son périmètre.

Une pénibilité considérable

Ramon Vila, secrétaire fédéral Sud Santé Sociaux. DR
Anissa Amini, aide-soignante et secrétaire fédérale Sud Santé Sociaux. DR

Dans un tel contexte, retarder ces départs pourrait être bien utile aux employeurs. Mais en pratique, l’allongement des carrières prévu par la réforme leur paraît inenvisageable pour certains métiers.

« L’aide à domicile est un métier très physique, qui sollicite le dos en permanence, avec beaucoup de manutention, les auxiliaires interviennent seules et ne disposent pas toujours des équipements adéquats pour limiter le port de charge. C’est inconcevable de leur demander deux ans de plus », estime Sylvia Lagana, ancienne directrice du service d’aide à domicile Asapad.

Inapte avant l'âge légal

« En Ehpad, après 45 ans on a toutes des problèmes de dos, d’épaules, de mains, de genoux, confirme Anissa Amini, aide-soignante et secrétaire fédérale Sud Santé Sociaux. Beaucoup de collègues sont déclarées inaptes avant d’avoir atteint l’âge légal de départ ».

La CGT insiste aussi sur « l’usure psychologique » inhérente au métier. Accompagner des publics en difficulté sociale, des enfants en souffrance, ou des personnes âgées avec des troubles cognitifs « est usant psychologiquement et expose à des risques psychosociaux. Cela doit être reconnu », pointe Pascale Guiniec, éducatrice spécialisée et membre du bureau de l’Ufas-CGT.

Permettre des départs anticipés