Le public LGBTQI+ (1) est présent dans l’hébergement généraliste. Pourtant, l’orientation sexuelle et l’identité de genre y demeurent tabous, et les dispositifs sont inadaptés. Après une étude sur le sujet, la FAS Ile-de-France prépare un guide pratique, conçu avec des travailleurs sociaux, juristes et associations communautaires.
« Les personnes LGBT+ ne sont pas un public à la marge, bien que marginalisé » dans l’hébergement, rappelait Arthur Anane, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) Ile-de-France, en ouvrant, le 26 novembre dernier, une journée de présentation d’une étude de la FAS Ile-de-France consacrée à cette problématique encore mal appréhendée dans le secteur.
La fédération, mobilisée sur cette question, entend contribuer concrètement à l'amélioration des pratiques envers ces publics, notamment à travers à un guide dont la conception, en cours, implique des travailleurs sociaux, des juristes et des associations communautaires.

Pour Kyymyy Isis, femme trans ayant été plus de vingt ans sans domicile fixe, le problème est profond : « Il faudrait changer toute l’approche. Pour eux, SDF, c’est une généralité ». Trop de fois, elle s’est ainsi retrouvée dans des structures d’hébergement réservées aux hommes.
« Ma carte d’identité indique "monsieur ": donc pour eux tu es un mec, point barre. On te met dans des centres d’hébergement avec des mecs, tu te douches devant tout le monde… »
Mauvaises orientations
Souvent, les travailleurs sociaux relèguent les questions d’orientation sexuelle et d’expression de genre dans la sphère de l’intime. « Ce sont des situations qu’on n’arrivait pas trop à prendre en charge ni à orienter. C’est un public qui s’est autocensuré du 115 », témoigne ainsi une responsable du Samu Social dans l’étude, déplorant une baisse du nombre d’appels des personnes LGBTQI+.
À cause des mauvaises expériences subies ou de leur appréhension, nombre d’entre elles « préfèrent vivre à l’hôtel, dans des squats, rester en rue, ou comptent sur les réseaux de solidarité », indique l’étude.