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Interview15 avril 2021
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Radicalisation : Manuel Boucher appelle à "reconflictualiser les rapports sociaux"

Face au djihadisme, les travailleurs sociaux peuvent se sentir écartelés entre "leur volonté de participer" à la prévention de la radicalisation et "leur crainte de contribuer à la stigmatisation des musulmans". Professeur de sociologie, Manuel Boucher publie une recherche collective sur ces ambivalences.

Après avoir écrit sur la Gauche et la race ou sur les Radicalités identitaires, vous venez de diriger une recherche sur les « ambivalences des intervenants sociaux » de la protection de l'enfance face « aux radicalités musulmanes ». Pourquoi vous intéresser à cette question ?

Manuel Boucher Cette recherche collective (1), menée durant trois années, a été cofinancée par la Caisse nationale des allocations familiales et par le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation [CIPDR]. Elle s'inscrit dans la mobilisation de la recherche et du travail social après les attentats islamistes de 2015, qui avaient justement impliqué un certain nombre de jeunes passés par la protection de l'enfance. Elle prolonge aussi certains travaux sur le positionnement complexe des intervenants sociaux, en tension entre les logiques du cœur de leurs métiers, notamment de renforcement du lien social, et leur convocation à des logiques plus sécuritaires.

En l'occurrence, nous nous sommes intéressés ici au positionnement des intervenants sociaux et de leurs employeurs face aux radicalisations et, plus largement, face aux « radicalités » musulmanes – qui recouvrent aussi le partage de certaines valeurs avec les salafo-djihadistes sans forcément passer à l'acte.