La journée mondiale du travail social, qui se tient ce 18 mars, est centrée cette année sur les relations intergénérationnelles. Si la question de l'activation des solidarités entre générations est devenue centrale dans les dispositifs sociaux et médico-sociaux, qu'en est-il entre collègues ? Trois travailleurs sociaux témoignent.
Quand on lui affirme « c'était mieux avant », Joran Le Gall a une réponse toute prête : « Est-ce que c'était mieux avant, quand il n'y avait pas de CMU, et qu'il fallait délivrer des bons pour aller chez le médecin ? Et quand, pour avorter, il fallait un entretien préalable avec une assistante sociale ? »
Âgé de 37 ans, cet ancien président de l'Association nationale des assistants de service social (Anas) ne cache pas un certain agacement devant les discours nostalgiques sur un temps béni des dieux pour le travail social.
Départs professionnels
Et pourtant, à l'heure des formations qui peinent à se remplir, des professionnels qui quittent rapidement le métier (un éducateur sur deux part au bout de neuf ans), à l'heure où les travailleurs sociaux tentent de maintenir à flot des bateaux qui prennent l'eau de toutes parts, il n'est pas inutile de mesurer ce qui a changé depuis vingt ou trente ans. Et de comprendre s'il est encore possible de transmettre des expériences et des savoirs.
Rapport aux institutions
Emmanuel Samson (51 ans) est assistant de service social (ASS) à Montpellier, dans le quartier populaire de La Paillade, employé par le département de l'Hérault. Il se souvient de ses débuts dans le métier.
« Tout jeune, dans les années 90, je me heurtais parfois à de vieux professionnels. J'étais en désaccord avec eux dans leurs rapports aux institutions quand, par exemple, ils transmettaient des données aux bailleurs sociaux. Le même type de clivage est apparu quand se sont mis en place les contrats locaux de sécurité. »