Face aux dérives dénoncées dans les foyers de l’ASE, où des mineures placées tombent dans la prostitution, cette chronique* de Jean-Luc Gautherot interroge un système censé protéger mais qui expose encore trop souvent les enfants à des dangers plus graves que ceux qu’ils fuient.
Jeudi 27 novembre 2025, l’émission « Envoyé spécial » diffusait un énième reportage accablant, consacré à la prostitution des adolescentes mineures placées dans les foyers de l’aide sociale à l'enfance (ASE). On en vient à se demander si la protection de l’enfance n’est pas un remède pire que le mal.
Une protection maltraitante
Ce n’est pas la première fois que des magazines de reportages de grande écoute fustigent les dysfonctionnements de la protection de l’enfance. En 2019 puis en 2021, l’émission Pièces à conviction avait déjà révélé les graves problèmes de ce secteur de l’action sociale.
Dire que ces reportages sont uniquement à charge. Expliquer que les cas concrets montrés dans ces films ne sont que des exceptions et qu’ils ne sont pas représentatifs du secteur n’est plus un argument très solide.
Le rapport de la mission d’enquête parlementaire sur les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance indique que le système est lui-même maltraitant : violences à l’intérieur des établissements, changement de lieu de placement à répétition qui empêche toute stabilité affective.
Jean Plaquevent le visionnaire
En 1955, dans un ouvrage intitulé « misère sans nom », Jean Plaquevent, un expert de l’action sociale de l’époque, formule une critique visionnaire à propos de la protection de l’enfance.

