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Précarité étudiante : un relais social universitaire à l'heure de la crise

Longs FormatsSophie LE GALL29 avril 2021
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Depuis plus d'un an, la toute petite équipe du relais social de la Cité internationale universitaire de Paris fait face à la précarisation et à la détresse psychologique des étudiants, pour la plupart venus de l'étranger. Une période inédite qui a mis en évidence l'importance de l'accompagnement social de la population estudiantine.

Quand on demande à Lillian Cordoba, chargée d'accueil, combien d'étudiants ont franchi le seuil du relais social international de la Cité internationale universitaire (CiuP, Paris XIVe) depuis le début de la crise sanitaire et sociale liée à la Covid-19, elle prend un temps pour réfléchir, probablement pour arrêter un chiffre, avant de lâcher, dans un soupir : « En fait, beaucoup… ».

La cité internationale universitaire, dans le 14e arrondissement de Paris, abrite 12 000 étudiants et chercheurs, qui ne sont pas épargnés par la précarisation liée à la crise sanitaire. Jeanne Frank/Divergence pour Le Media Social

Avec sa quarantaine de maisons qui abritent 12 000 étudiants et chercheurs (environ 8 %), venus en grand nombre de l'étranger (à près de 80 %) et représentant plus de 140 nationalités, ce campus des universités et grandes écoles de Paris, qui repose sur une fondation de droit privé reconnue d'utilité publique en 1925, est une ville dans la ville.

Pas épargné par la crise

Bâti pour favoriser les échanges interculturels après le choc de la Première Guerre mondiale et réputé pour la beauté de son architecture et son parc de 34 hectares intra-muros, ce lieu d'apparence cossu n'a pourtant pas échappé à la précarisation de la jeunesse.

En cette fin d'après-midi, une file a commencé à se former bien avant l'heure fixée en bas des escaliers qui mènent à l'entrée principale. Les étudiants n'attendent ni le début d'un cours - il y a longtemps que les séances se font à distance - et encore moins celui d'un événement culturel, mais une distribution d'aide alimentaire organisée par les Restos du cœur.

Du mal à se nourrir

« Au printemps dernier, au premier confinement, les demandes d’aide financière ont été multipliées par 10 en un mois, des étudiants avaient du mal à se nourrir. Les raisons étaient multiples : fin des stages, des CDD, des contrats de vacation avec l'impossibilité d’en conclure de nouveaux, perte de valeur de la monnaie de leur pays d’origine, suppression de bourses ou érosion de l’aide familiale… », retrace Daphné Aouizerate, coordinatrice du relais social international.

Mars 2021. Devant l'escalier menant à l'entrée principale de la CiuP, une file d'attente s'est formée pour la distribution d'aide alimentaire organisée sur place deux fois par semaine par les Restos du cœur. Jeanne Frank/Divergence pour Le Media Social