Notre 13e épisode des Voix du Social ouvre le micro à Laurent Guenebaut, travailleur social de métier, devenu formateur, et auteur d'un récent ouvrage retraçant son parcours professionnel, sa vision d'un secteur en difficulté et de professionnels confrontés à la perte de sens dans leur métier. Critique, l'ancien moniteur éducateur croit pourtant toujours en un travail social "humain".

Laurent Guenebaut a 61 ans, et derrière lui une longue carrière de travailleur social, débutée en 1996. Devenu formateur indépendant il y a 7 ans suite à un effondrement professionnel qui lui a fait quitter le métier, il remonte, dans un ouvrage intitulé "Itinéraire d'un travailleur social engagé" (1), le fil de trente ans d'expérience professionnelle, en particulier en protection de l'enfance. 

Loyauté et combativité

Moniteur éducateur au départ, il passe rapidement chef de service, et enfin directeur adjoint. Son accession rapide à des fonctions hiérarchiques ne lui a pourtant, dit-il, jamais fait perdre sa boussole : celle du respect des valeurs pour lesquelles il s'est engagé dans le secteur.

De cette loyauté vis-à-vis de la mission première du travail social, à savoir le service aux personnes fragilisées, il est beaucoup question dans son ouvrage autobiographique, ainsi que des difficultés et combats que ce positionnement éthique lui a valu. Dénonçant d'autant mieux la maltraitance institutionnelle qui sévit dans les structures qu'il en a lui-même fait les frais, au point de finalement jeter l'éponge, et de se tourner, il y a quelques années, vers la formation.

Rassurer et encourager

Mais au-delà du partage de son expérience purement personnelle, Laurent Guenebaut livre surtout son analyse sur les transformations profondes dont il a été témoin dans le secteur au long de son parcours professionnel. Avec l'idée de susciter la réflexion, de rassurer et encourager, peut-être, des professionnels qui parfois se sentent bien seuls dans leurs interrogations et leurs combats.

Dans un contexte où le collectif se fait rare, où les travailleurs sociaux expérimentent une perte du sens de leurs métiers, il veut encore faire passer un message optimiste, misant sur l'intelligence et la créativité des professionnels, particulièrement chez les nouvelles générations qui n'ont, semble-t-il, pas peur de questionner l'autorité.

(1) Éditions du Panthéon, 2024.

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