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Pédopsychiatrie : la crise aggravée par la pandémie

Longs FormatsFlore MABILLEAU17 juin 2021
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La crise sanitaire a aggravé l’embolie de la pédopsychiatrie. Les files d’attente des structures médico-sociales, en manque de moyens, se sont allongées, alors que le secteur est bousculé par des réformes.

La situation était déjà grave. Elle est désormais pire. C’est en substance le message envoyé par les acteurs français de la pédopsychiatrie, volet médico-social compris.

« La crise sanitaire a révélé ou amplifié les troubles existant chez les enfants », observe Virginie*, psychologue dans un centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) de Normandie, accueillant avec une équipe pluridisciplinaire des enfants et jeunes de 0 à 20 ans en difficultés psychiques et/ou scolaires.

Un cocktail explosif

La pandémie et les confinements ont créé un cocktail explosif d’anxiétés et d’angoisses, dont les effets se font encore ressentir sur la santé mentale des enfants. stock.adobe.com

La pandémie et les confinements ont créé un cocktail explosif d’anxiétés et d’angoisses, dont les effets se font encore ressentir sur la santé mentale des enfants, malgré un desserrement des contraintes sanitaires.

Les statistiques de Santé publique France - qui pilotera par ailleurs dès 2022 une enquête pérenne pour produire des indicateurs de santé mentale chez les enfants de 3 à 11 ans - montrent une hausse des passages aux urgences des moins de 15 ans pour des motifs psychiatriques.

La crise sanitaire a révélé ou amplifié les troubles existant chez les enfants

Virginie, psychologue en CMPP

« Nous recevons plus d’adolescents qui se font des scarifications, qui ont davantage d’idées suicidaires et dont les parents vont aussi plus mal », témoigne Mélanie*, pédopsychiatre en exercice et directrice médicale d’un CMPP.

Des remontées de terrain inquiétantes, corroborées par celles, par exemple, des centres antipoison, semblent montrer que les tentatives de suicide augmentent chez les enfants et les adolescents depuis la fin du deuxième confinement.

Plus d'informations préoccupantes

« Nous faisons aussi beaucoup plus d’informations préoccupantes - pour des enfants en danger en raison de violences physiques ou psychiques - y compris pour des enfants placés, notamment dans des familles d’accueil », relève Christophe Rouleaud, directeur du pôle ambulatoire Camsp-CMPP-Bapu de l’Apajh en Indre-et-Loire.

« Il y a un problème, les assistants familiaux sont débordés, ne sont pas suffisamment formés, ni assez accompagnés par l’aide sociale à l’enfance (ASE) faute de moyens », déplore-t-il.

Christophe Rouleaud, directeur du pôle ambulatoire Camsp-CMPP-Bapu de l’Apajh en Indre-et-Loire, observe l'augmentation des informations préoccupantes. DR

Cette augmentation des besoins se heurte aux portes des structures de pédopsychiatrie dépendant des hôpitaux comme du médico-social.