Dans une analyse fouillée de la période 2015-2022, le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE) tente de comprendre pourquoi la réduction du chômage n'a pas entraîné une baisse des situations de pauvreté. Surtout le CNLE se penche sur l'augmentation du sentiment de pauvreté.
« Alors que plusieurs indicateurs témoignent d’une embellie sur le marché du travail, la pauvreté monétaire et le risque de privations matérielles stagnent (au moins jusqu’à la crise inflationniste) tandis que le sentiment de pauvreté s’étend à des couches de population bien au-delà de la pauvreté monétaire. »
Paradoxe sur la pauvreté
Présidente du comité scientifique du CNLE, Muriel Pucci résume le « paradoxe » de la situation concernant la pauvreté. Pour tenter de l'élucider, le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale a réalisé une étude d'une cinquantaine de pages, publiée le 7 mai, concernant la période 2015-2022, qui inclut la crise du Covid et le début de la poussée inflationniste.
Durant ces années, la situation sur le front de l'emploi s'est améliorée, le taux de chômage ayant baissé de trois points (de 10,3 % à 7,3 %). Sur la même période, le taux de pauvreté monétaire (en dessous de 60 % du revenu médian) restait stable et le taux de privation matérielle et sociale augmentait légèrement. En revanche, le taux de pauvreté subjective - celle qui est ressentie - connaissait une ascension spectaculaire, passant 12,4 % en 2015 à 18,7 % en 2022.