Après un confinement durant lequel seules les audiences urgentes se sont tenues, les juges des enfants s’attendent à devoir traiter un nombre colossal de dossiers préoccupants, comme nous l’explique Philippe Picard, vice-président chargé des fonctions de juge des enfants au tribunal judiciaire de Poitiers (Vienne).
Comment les juges des enfants ont-ils travaillé, à Poitiers, durant le confinement ?
Philippe PicardNous n’avons pas tenu d’audiences en dehors des urgences (retour sur les placements en urgence du Parquet en assistance éducative, et déferrements au pénal). Du côté de l’assistance éducative, nous avons tenu une dizaine d’audiences en deux mois, contre 8 à 10 par jour habituellement.
Normalement, notre travail consiste à prendre des décisions en fonction de ce que disent les gens, de ce que l’on ressent d’eux, des messages que l’on peut leur faire passer, des rapports éducatifs, etc.
Là, les éducateurs n’ont pas vu les enfants placés, le service d’assistance éducative en milieu ouvert (AEMO) a téléphoné une fois par semaine aux familles mais ne s’est pas rendu sur place.
Les mesures d’AEMO et les placements arrivés à échéance ont été prolongés, avec accord des parents, comme le prévoit l’ordonnance du 25 mars 2020. Nous avons pris des décisions essentiellement sur dossier et le grand absent de tout cela, c’est évidemment le jeune, qui n’est pas entendu.
Comment s'annonce le déconfinement, dans ce contexte ?
Ph.P.Nous nous préparons à un tsunami de dossiers à traiter. Lorsque les équipes vont remettre le nez d’un peu plus près dans les situations, des problèmes vont certainement apparaître : dans les familles en difficultés, les relations, notamment parents-ados, ont pu se dégrader. Nous nous attendons à des dénonciations de toute sorte.
Qu’en est-il des droits de visite des parents d’enfants placés ?