Notre série "À voix haute" donne la parole à celles et ceux qui n’ont longtemps pas eu voix au chapitre : les "personnes accompagnées". Ancienne enfant placée, aujourd’hui vice-présidente de l’association de pair-aidance "Repairs! 44", Nathalie Baud a écrit un livre témoignage sur son parcours, "Sur le chemin, chaque pas compte".
Souvent, la famille d’accueil de Nathalie Baud lui répétait « arrête de t’écouter ». C’est ce qu’elle a fait, avant que tout ne ressurgisse. « Jusqu’à mes 35 ans environ mon histoire était un non-sujet. C’était une sorte d’amnésie traumatique. J’avais occulté tout ça. » Et puis un jour, alors qu’elle est âgée de 9 ans, sa fille lui dit qu’elle en a marre de l’entendre crier. Un électrochoc.
Mue par le besoin de rencontrer des personnes ayant des parcours de vie similaires, Nathalie se tourne vers l’association Repairs! 44. Sa vie défile alors, et elle comprend que pour s’apaiser, il lui faut la regarder en détail.
Des problématiques d'attachement
Placée à 4 ans avec ses trois frères, Nathalie fait un rapide passage en foyer avant d’être confiée, avec le plus jeune de ses frères, à une famille d’accueil. Elle y restera jusqu’à ses 17 ans. Elle se rappelle de liens d’attachement « compliqués », la famille d’accueil ne supportant pas sa mère et inversement.
« À l’époque les familles d’accueil n’étaient pas formées comme aujourd’hui. Et mon frère et moi représentions un salaire, partir en colonie de vacances revenait pour eux à un manque à gagner. » Pour autant, l’enfant n’est ni maltraitée ni négligée, elle ne manque de rien, et Nathalie est d’ailleurs toujours en lien avec celle qu’elle nomme sa « tatate ».
Le suivi psychologique étant alors inexistant, la jeune adolescente s’enfonce dans ses problématiques d’attachement et fait plusieurs tentatives de suicide. « Je développais en parallèle un attachement extrême envers mes éducatrices et mes maîtresses, jusqu’à aller sonner chez l’une d’elles. J’ai traversé l’adolescence durement, ne sachant pas que je pouvais être aimée. »