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Interview15 décembre 2023
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Manuel Boucher : "Le pouvoir d’agir peut viser des objectifs radicalement différents"

Dans la "Nébuleuse du pouvoir d’agir", le sociologue Manuel Boucher décrit six approches de l’empowerment à la française. Celles que développent les travailleurs sociaux s’opposent, selon lui, aux visées des "identitaristes" et autres "coléristes".

Pour adapter « les fondamentaux du travail social » à notre société, le récent Livre blanc du HCTS propose notamment de «  favoriser le pouvoir d’agir des personnes accompagnées ». Pourquoi décrivez-vous cette notion comme une « nébuleuse », dans les quartiers populaires ?

Manuel Boucher J’ai commencé ce travail il y a près de dix ans, au moment où se répandait, à une vitesse fulgurante, ce concept d’empowerment, désormais traduit par « pouvoir d’agir ». Travaillant sur l’intervention sociale dans les quartiers de la politique de la ville, j’ai été surpris par l’explosion de cette approche venue des États-Unis.

Elle correspondait sans doute à un besoin : dix ans après les émeutes de 2005, il restait à savoir comment agir dans les banlieues. C’était aussi un moment de retour de flamme pour le travail social collectif, remis au goût du jour par le plan d’action « en faveur du travail social et du développement social » [1]. Certains espéraient restaurer ainsi, dans les quartiers, un contrôle social, assuré par les communautés elles-mêmes.

Néanmoins, dès 2015, Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener [2] montrent que cet empowerment recouvre, en réalité, plusieurs approches : l’une est politique, en misant sur le collectif pour créer un rapport de force ; tandis que l’autre est libérale, en visant la responsabilisation et l’activation des individus.

J’ai commencé mon enquête sociologique à ce moment-là : je suis allé à travers la France, à la rencontre des acteurs des quartiers populaires qui revendiquaient cet empowerment.