Ce week-end, la grande famille d'Emmaüs fête les 70 ans d'un mouvement lancé par l'abbé Pierre. Depuis la création de la première communauté, le chemin parcouru a été riche et parfois agité. Retour sur cette aventure avec l'historienne Axelle Brodiez.

Première question personnelle : pourquoi vous être penchée sur l'histoire d'Emmaüs (1) ?

Axelle BrodiezJ'ai été intéressée par la portée de l'appel de l'abbé Pierre le 1er février 1954. Il s'est passé quelque chose d'assez exceptionnel pour l'époque : la société civile s'est mobilisée. Ce qui m'intéressait fortement, c'était de comprendre pourquoi des gens s'engagent pour des causes, et comment les pouvoirs publics répondent ou non aux besoins exprimés par les associations.

D'autre part, je considère qu'Emmaüs est l'une des plus grosses associations de solidarité, plus importante encore que le Secours populaire ou le Secours catholique.

Comment l'histoire de l'association a-t-elle commencé ?

A. B.En 1949, l'abbé Pierre est député français élu de Lorraine. Pour pouvoir être présent aux débats de l'Assemblée, il a acheté un pavillon à Neuilly-Plaisance, en région parisienne. Un jour, on lui amène Georges, un désespéré, ancien bagnard qui a voulu se suicider. L'abbé Pierre lui dit : « Je ne peux pas t'aider, mais toi, tu peux m'aider à aider les autres. » Peu après, l'abbé Pierre recueille une famille mise à la rue. Il faut dire que cette époque, peu de temps après la fin de la guerre, était marquée par une pénurie de logements.

Quel sens donner au choix du mot Emmaüs ?