Si plusieurs acteurs appellent à interdire l'intérim privé lucratif en protection de l'enfance, son recours, en augmentation ces dernières années, illustre voire alimente la crise du secteur. Entre le développement de plateformes coopératives et les propositions d'encadrement plus strict, des solutions se développent ici et là, au gré des ressources territoriales et des volontés politiques.
Un recours « croissant », « massif », des tribunes à foison pour le dénoncer : l'intérim a indéniablement gagné du terrain dans le secteur social et médico-social ces dernières années. Si les chiffres demandent à être affinés dans le champ de la protection de l'enfance, ceux du ministère du Travail montrent une augmentation constante du taux de recours depuis 2015.
Les difficultés de recrutement en action sociale ne sont pas récentes, mais le phénomène s'est amplifié au fur et à mesure de l'aggravation de la crise d'attractivité des métiers, sur fond de tensions institutionnelles, financières, managériales, et aussi en lien avec les nouvelles aspirations des jeunes travailleurs sociaux et la lassitude de certains anciens.
Gagner des parts de marché
Ce contexte a aiguisé les appétits des acteurs dont le métier consiste à trouver des parts de marché. Qui n'a pas entendu parler du groupe Domino RH, société d'intérim à but lucratif ? S'il n'est pas le seul à avoir tissé sa toile auprès des établissements, il a suscité une vive polémique en créant ses propres structures, des maisons d'enfants à caractère social (Mecs) dites « éphémères ». Jusqu'à devenir l'épouvantail du secteur, l'emblème ultime des dérives à stopper… mais auquel beaucoup d'associations ont toujours recours.

