Guillaume Bronsard, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, membre du Conseil national de la protection de l’enfance, livre dans un ouvrage des repères pour mieux accompagner les enfants protégés. Pour leur santé mentale, il défend la collaboration renforcée entre professionnels du soin et du social, encore trop rare en raison des silos institutionnels et faute d’engagements politiques locaux.

Vous parlez de « médiocrité » pour définir l’articulation entre soin et social. Le sujet est donc toujours au point mort ?

Guillaume BronsardFace à des enfants qui nous posent des difficultés, le social dit « on n'y arrive plus mais c'est la faute de la psychiatrie », et la psychiatrie dit « on n'y arrive plus parce que le social les abandonne chez nous ».

C’est une espèce de quiproquo aigri, presque dépressif des deux côtés, sur une impossibilité d'arriver à construire un projet qui nécessite à la fois de l'hébergement et du soin. J'essaie d'en analyser les raisons et de donner quelques pistes pour y remédier, mais le constat est assez dur.

En quoi « la pédopsychiatrie doit beaucoup à la protection de l’enfance », comme vous l’écrivez ?

G. B.

L'idée que l'enfant peut avoir besoin d'un psychiatre date seulement du 19e siècle et se met en place au milieu du 20e. Il fallait prendre conscience que le psychisme infantile pouvait connaître une souffrance, des troubles, et que nous pouvions les soigner.