Interpellée sur la situation de familles à la rue avec des enfants scolarisés dans ses écoles, la ville de Pantin (Seine-Saint-Denis) a imaginé sa propre solution d’accueil. Un sas de répit, tout en visant une solution pérenne, qui serait cette fois-ci assurée par l’État.
En ce milieu de matinée printanière, le centre municipal d’hébergement social (CMHS) de Pantin, ouvert en décembre 2024, est très silencieux. « Il en est ainsi une grande partie de la journée. Une à deux familles au maximum sont présentes, les autres sont au travail pour les parents, à l’école pour les enfants. Les personnes hébergées sont globalement plutôt bien insérées, en activité. Leur premier souci est bien celui du logement ! », explique Isabelle Boulila, assistante sociale recrutée par le centre communal d’action sociale (CCAS) qui pilote le dispositif, pour assurer l’accompagnement global du public.
Avec le CMHS, on touche en effet du doigt l’une des incohérences de l’accès à un toit : des foyers qui présentent pourtant des garanties suffisantes restent à la porte de la politique du logement et de celle de l’hébergement.
Un hiver décisif

« L’histoire du CMHS prend son point de départ à l’hiver 2022, quand la mairie est alertée par des associations de parents d’élèves que des familles, dont les enfants étaient scolarisés dans nos écoles primaires, sont en errance, et pour certaines, dorment à la rue », retrace Agnès Vallet-Sandre, responsable du pôle aides et animations du CCAS. La ville met à l’abri ces familles dans le cadre du plan national Grand Froid, au sein d’un gymnase municipal, leur fournissant un toit et des repas.
« Au 31 mars 2023, le Plan Grand Froid s’est arrêté, le financement de l’État aussi, nous avons pourtant décidé de continuer cet accueil en mettant en place le dispositif "Pas d’enfant scolarisé à Pantin en situation d’errance" », poursuit la responsable. La ville lance un appel à manifestation d’intérêt pour trouver des hôtels afin de loger « dans les moins mauvaises conditions possibles » et si possible sur Pantin, les familles qui restaient sans solution de logement.
Une vague de précarité
Selon la municipalité, localisée dans le département le plus pauvre de France métropolitaine, les « situations d’errance » concerneraient deux à trois élèves par école à Pantin, qui en compte 27.