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Gwennili : un toit pour les déboutés du droit d’asile

Longs FormatsRozenn LE BERRE02 décembre 2021
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Dans la ville bretonne de Saint-Brieuc, un projet réunit acteurs associatifs et mairie pour loger des familles sans-papiers. À l’origine de Gwennili, une volonté politique forte de la municipalité : éviter que des familles ne se retrouvent à la rue lorsque leur demande d’asile a été rejetée par les services de l’État

La famille Habokyan reçoit dans un grand salon balayé par le soleil. Dans un angle, un imposant piano droit témoigne du métier que la mère occupait en Arménie : pianiste et professeure de musique.

Aujourd’hui, malgré une promesse d’embauche, elle ne peut toujours pas travailler. Quand la demande d’asile de la famille a été refusée, les parents et les trois enfants se sont retrouvés en situation irrégulière.

Une crainte quotidienne

Hayk (à droite) et son jeune frère (à gauche) bénéficient, avec leurs parents et leur sœur Anna, d'un des logements mis à disposition via le projet Gwennili. Juliette Pavy/Divergence pour Le Media Social

Une situation qui interdit aux parents de travailler mais qui ne bloque pas le droit à la scolarisation pour les enfants : les deux plus grands, Hayk et Anna*, mènent de brillantes études en BTS action managériale. Leur petit frère entame sa dernière année de lycée en Terminale STMG (sciences et technologies du management et de la gestion).

Les enfants majeurs ont déposé une demande de titre de séjour étudiant, la mère une demande de titre de séjour salarié, associée à une promesse d’embauche. En attendant, ce blocage administratif pèse : les jeunes ne peuvent pas passer le permis de conduire, pas travailler pendant les vacances. Et surtout, ils vivent dans la crainte quotidienne de devoir quitter le territoire français.

Des besoins de logement

Avant d’être hébergés dans ce grand appartement de Saint-Brieuc, où chacun dispose d’une chambre, la famille entière survivait dans une voiture. Une situation qui a duré trois mois : « J’appelais le 115, et la seule réponse que j’avais, c’était : vous n’avez pas de papiers, pas de problème de santé, vous êtes majeur, donc vous devez attendre… », explique Hayk.

Une situation loin d’être isolée : « Au cours de toutes nos permanences associatives, nous avons des familles sans-papiers qui signalent avoir besoin de logement », complète Gilles Chavin-Collin, président de l’Asti 22 (Association de soutien aux travailleurs immigrés des Côtes d’Armor).

Déboutés du droit d’asile

Jean-Marc Quéméré, administrateur de l’Asti 22, pointe que toute une partie de la population des déboutés de la demande d'asile « échappe complètement au travail social ».  Juliette Pavy/Divergence pour Le Media Social

La loi prévoit un hébergement (pas toujours effectif) pour les personnes le temps de l’examen de leur demande d’asile. Si cette demande est rejetée, plus rien n’oblige l’État à héberger ces personnes. Elles se retrouvent donc à la rue, sans solution, et ne peuvent bénéficier de l’accompagnement social de droit commun car elles sont sans-papiers.