Imaginé à la suite de la pandémie de 2020, le centre d’hébergement Mellinet accueille les personnes en situation de grande marginalité de la ville de Nantes, celles et ceux à la rue depuis de nombreuses années, qui ont écumé les autres lieux de transit. Une structure innovante, qui permet à ces résidents de rester, avec leurs animaux, sans limite de temps.
C’est un quartier entier qui sort de terre sur le site immense d’une ancienne caserne, dans un secteur coté de la Cité des Ducs. Café branché, immeubles en construction, futures crèches et maison de retraite, friche culturelle, le tout entouré de rues bordées de maisons anciennes.
Discret et flambant neuf, le centre d’hébergement Mellinet a des allures de mini-motel à l’américaine, là où se dévoilent, derrière un bâtiment principal, une cinquantaine de studios en rez-de-chaussée et en premier étage, donnant tous directement sur l’extérieur.
Un lieu conçu avec les résidents

« L’agencement a été imaginé avec les résidents eux-mêmes, se souvient Adrien Palumbo, chef de service du centre d’hébergement. On a fait plusieurs réunions afin de savoir ce qui leur convenait ». Piloté par l’association Aurore, ce lieu est ouvert depuis l’automne 2024, mais a connu une première vie plus chaotique.
« Auparavant, à la suite d’expulsions à Nantes, nous avions ouvert 150 places de mise à l’abri dans des constructions modulaires, pour les personnes réfugiées, puis pour les personnes envoyées par le Samu social. Et on a tout de suite accepté les chiens bien sûr. » Le plan hivernal a laissé place aux confinements, et les modulaires sont restés, tout comme ont persisté les besoins et le turn-over des personnes.
Vingt ans de rue
En 2021, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) de l’État pour imaginer des lieux destinés aux personnes en grande marginalité arrive comme une solution pérenne à ces modulaires froids, dénués d’intimité, et soumis à la boue et aux insectes en tous genres. Trois associations, dont Aurore, y répondent, pour 50 places en studio, 18 places en tiny house (association Trajet) et 10 autres places en logements « dispersés » (association Les eaux-vives).
L’État, le département et Nantes Métropole mettent la main à la poche et le bailleur social Atlantique Habitations construit le lieu en un an et demi. Le centre d’hébergement Mellinet est né. « Ici on accueille des gars qui ont parfois vingt ans de rue, explique Adrien Palumbo. Des gens qui ont connu toutes les expériences d’hébergement possibles, des gens que plus personne ne voit, sauf les professionnels en maraude, des gens avec des animaux, qui ont des troubles psy parfois, souvent de gros problèmes d’addictions, et qui ont parfois expérimenté un "chez-soi", mais qui ont encore besoin d’un collectif soutenant ».
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