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Handicap : permettre aux ados d'appréhender la sexualité sans tabou

Longs FormatsAurélie VION16 février 2023
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En Moselle, le dispositif d’accompagnement médico-éducatif (Dame) La Horgne, qui s’adresse à des jeunes âgés de 14 à 21 ans en situation de handicap, s'est emparé de longue date de la question de l’accompagnement à la vie intime, affective et sexuelle.

Des personnes qui s’embrassent sur la bouche, d’autres qui s’enlacent, d’autres encore, allongées et dénudées, qui ont un rapport sexuel… Un homme avec une femme, deux femmes, ou deux hommes ensemble…

« Parmi ces différents dessins, pouvez-vous me dire quels sont ceux qui représentent selon vous "faire l’amour" ? », demande l’infirmière Thi-Hang Guittard aux quatre adolescents qui participent ce jour-là au groupe « puberté ».

Établir le dialogue

Dans le cadre du groupe « puberté », Thi-Hang Guittard, infirmière, montre aux adolescents du Dame une série de dessins représentant des scènes d'amour et de sexe. Mathieu Cugnot/Divergence pour Le Media Social

Certains regards se font fuyants, quelques rires nerveux fusent… Quand on a 16-17 ans, avec ou sans handicap, parler sexualité n’est pas évident. Mais l’infirmière et sa collègue éducatrice spécialisée, Émilie Wyrwas, parviennent rapidement à établir le dialogue avec les quatre jeunes.

« Ces personnes ont-elles le droit de faire l’amour ? », demande l’infirmière. « Oui », répliquent en chœur les quatre ados. « Nous sommes d’accord, mais à quelles conditions ? », poursuit Thi-Hang. Anne*, qui se tient à l’écart du groupe, avance : « Il faut être tout seul. » « Oui. Tu as raison, mieux vaut le faire avec la porte fermée », encourage la professionnelle.

« On peut avoir un bébé » 

Mais qu'y a-t-il d’autre, de très important ? « La capote ! », s’écrie la jeune fille. « Oui. Et si on ne met pas de capote, qu’est-ce qui peut arriver ? », relance l’infirmière. « On peut avoir un bébé », souffle Aïcha*. « Oui, et aussi ? » « Avoir des maladies », tente Elisa*. « C’est vrai. Mais il y a encore autre chose… »

Les jeunes restent muets. Pour les mettre sur la voie, l’éducatrice choisit un dessin : « La personne qui est en dessous, comment est-elle ? » « Pas contente », constate le petit groupe. « Oui. Est-ce que c’est autorisé de forcer quelqu’un à faire l’amour ? Non. Cela s’appelle un viol et c’est puni par la loi. »

Des groupes de parole

Les groupes de parole instaurés par Thi-Hang Guittard (à droite) portent sur la puberté, les émotions, les relations aux autres. L'occasion d'aborder un large éventail de questions, au-delà de la santé. Mathieu Cugnot/Divergence pour Le Media Social

Ce type de groupe, l’infirmière Thi-Hang Guittard en anime depuis plus de 25 ans. 

Lorsqu’elle a intégré le dispositif d’accompagnement médico-éducatif (Dame) La Horgne, géré par le Comité mosellan de sauvegarde de l’enfance, de l’adolescence et des adultes (CMSEA), la vie intime, affective et sexuelle des adolescents était alors essentiellement abordée sous l’angle de la prévention du VIH.

Un large spectre de questions