Comme la crise des gilets jaunes quelques mois plus tôt, la crise sanitaire a contribué à mettre en lumière une France « périphérique », qu’on entend peu.
C’est pour donner la parole à cette France « des travailleurs modestes, des précaires, des chercheurs d’emploi, de ceux qui en cumulent plusieurs » que des journalistes de la Zone d’expression prioritaire (ZEP) – dispositif d’accompagnement à l’expression via des ateliers d’écriture animés par des journalistes – sont allés à la rencontre de quelque 400 volontaires dans 14 territoires et villes de France. Il ne s’agissait pas tant de dresser un portrait de cette France « souvent oubliée, voire humiliée » mais plutôt de « faire émerger des morceaux de vie pour comprendre, tout simplement », expliquent-ils dans l’introduction.
Le projet, porté par la ZEP et le réseau des Régies de quartier et de territoire, et piloté par Emmanuel Vaillant et Édouard Zambeaux, a donné lieu à un recueil d’un peu plus de 160 récits, intitulé Vies majuscules.
Moussa, Goundoba, Michel, Brigitte, et tant d’autres, y parlent de leurs rêves, de leurs difficultés, de leur famille, de ce qu’ils aimeraient changer dans leur vie, dans la société… Tous témoignent du sentiment d’être oubliés, d’être laissés pour compte.
Parfois drôles, ou tristes, optimistes ou pessimistes, c’est selon, ces récits sont précieux, car ils permettent à tout un chacun d’appréhender la réalité quotidienne de ces Français « qui vivent à quelques euros près ».
« Vies majuscules, autoportrait de la France des périphéries » , collectif, éd. Les petits matins, 17 €