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Sur l'île de Groix, le travail social en mode insulaire

Longs FormatsRozenn LE BERRE05 novembre 2020
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L'été, Groix attire les touristes par centaines. À l'année, cette petite île au large de Lorient ne compte que 2 300 habitants, au quotidien parfois bien éloigné de la carte postale. En cas de difficultés, ils frappent à la porte de la seule assistante sociale de l'île.

« Mesdames, Messieurs, les enfants, dans le cadre de la crise sanitaire, le port du masque est obligatoire pour tous à bord. Merci d'éviter d'entrer en contact avec les différentes surfaces du navire. »

Le soleil, teinté d'un élégant rose matinal, tente d'animer les visages des personnes entrant à bord, encore sérieusement ensommeillés pour certains.

En cette fin août, deux types de passagers s'apprêtent à embarquer pour Groix, l'île bretonne au large de Lorient : les touristes tardifs, appareils photos et jumelles en bandoulière, et les travailleurs de l'île.

Sur le Breizh Nevez I, qui relie le continent à l'île de Groix, quelques touristes tardifs, et des salariés rejoignant leur poste. Laurent Guizard pour Le Media social

Ces derniers habitent sur le continent et travaillent à Groix comme professeurs, employés de mairie ou ouvrier du bâtiment. Parmi eux, une assistante sociale.

Entre deux territoires

Employée par le conseil départemental du Morbihan, Rachel Flaire partage son temps entre deux territoires : un quartier classé en zone urbaine sensible de la ville de Lorient et l'île de Groix. Un pied en quartier urbain défavorisé, un pied en territoire rural insulaire. Ce double ancrage change-t-il la donne, en termes de pratiques professionnelles ?

« Ma petite parenthèse »

« Moi je ne me sens pas différente dans le contact avec les gens, explique-t-elle sur le pont du bateau. Ce qui change, c'est l'univers et le rythme de travail. À Lorient, j'ai une obligation d'astreinte, je partage mon bureau avec une collègue, on a l'aide sociale à l'enfance (ASE), la protection maternelle et infantile (PMI) juste à côté. Ici, ce n'est pas le même rythme. C'est ma petite parenthèse. »

Rachel Flaire arrive à sa permanence. Elle y reçoit les gens sans rendez-vous chaque mardi matin de 9h15 à 12h30. Laurent Guizard pour Le Media social

Une permanence sans rendez-vous

Après une heure de traversée, l'imposant Breizh Nevez I fait tanguer les bateaux de plaisance et accoste à Port-Tudy, autrefois premier port thonier de France. En cas de rendez-vous à domicile inscrits à son agenda, Rachel s'arrête dès l'arrivée dans une boutique de location de vélos.

Ce matin, pas de déplacements : elle tient sa permanence dans son bureau, au bourg. Sans rendez-vous, ce qu'elle apprécie. « À Lorient on a un calendrier de rendez-vous bloqué trois semaines à l'avance. Ici, les gens peuvent venir spontanément, c'est de plus en plus rare ! »

Tout reprendre à zéro

À l'arrivée de l'assistante sociale, un homme patiente déjà. Puis les rendez-vous s’enchaînent avec fluidité au cours de la matinée. Anaïs arrive vers dix heures, à pas légers. Elle fréquente l'assistante sociale depuis deux ans, car « des tas de problèmes [lui] sont arrivés », explique-t-elle calmement.