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La Maison des Livreurs, un lieu pour réparer les vélos et les vies

Longs FormatsLaetitia BONNET07 mai 2025
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À Bordeaux, la Maison des Livreurs offre aux travailleurs des plateformes numériques de livraison un soutien précieux face à des conditions de travail toujours plus précaires : accompagnement sanitaire, aide juridique et sociale, ou encore atelier de réparation de vélos.

« Quand tu as besoin de quelque chose, ici tu le trouves… et si tu ne te sens pas bien, quand tu arrives ici, tout le monde est actif, ça te dynamise ». Par ces mots, Cissé (*) résume à quel point la Maison des Livreurs, ouverte à Bordeaux en février 2023, apporte du réconfort à ces travailleurs qui triment chaque jour pour livrer des repas commandés sur les plateformes numériques comme Uber, Deliveroo ou Stuart. 

Les conditions de travail ne cessent en effet de se dégrader pour ces travailleurs précarisés, majoritairement des hommes d’origine étrangère. La Maison des Livreurs a été créée par et pour eux, dans le but de leur apporter un soutien au quotidien tant sur le plan moral que juridique et physique. 

Au départ, une mobilisation 

Point de départ de cette initiative : la mobilisation des travailleurs des plateformes numériques de livraison, qui se sont réunis en collectif au sein de l’association de mobilisation et d’accompagnement des Livreurs (Amal) pour rendre visibles leurs difficultés, ainsi que des livreurs hors Amal (sous l’impulsion d’Arthur Hay, représentant du syndicat CGT des livreurs à vélos à Bordeaux), et de plusieurs associations telles que Médecins du Monde ou Coopcycle, fédération nationale de coopératives à vélos. 

La Ville de Bordeaux a mis un local à disposition. « Nous avons l’avantage d’avoir ouvert en étant déjà en lien avec les livreurs et avons accueilli dès nos débuts 159 adhérents », raconte Jonathan L’Utile Chevallier, coordinateur de la Maison des Livreurs, et éducateur spécialisé de formation.

Un accompagnement global

À la Maison des livreurs, ces derniers viennent recharger et réparer du matériel, mais aussi manger, se reposer et se détendre avec des collègues autour du baby-foot. Éric Bouloumié pour Le Media Social

En ce vendredi après-midi, Cissé, livreur depuis 2021, pour l’instant sans titre de séjour, vient se reposer quelques heures à la Maison des Livreurs, entre deux sessions de livraisons. Il y retrouve de nombreux confrères : en février 2025, la structure recensait 450 adhérents, un chiffre en constante augmentation. La métropole compte en effet 8 000 livreurs, dont 4 000 à Bordeaux. L’accueil est inconditionnel et gratuit, du lundi au vendredi de 14h à 19h. 

« Je viens tous les jours depuis deux ans. Ce lieu permet de récupérer, de se détendre, de recharger du matériel et de manger aussi », indique Kouassi*, en désignant la jeune femme qui vend sa cuisine africaine devant le local. À l’intérieur de la maison vieillotte de 70 m2, l’atmosphère est semblable à celle d’une ruche : les livreurs discutent, déjeunent, tentent une sieste, jouent au baby-foot…

Des permanences

« J'ai connu le lieu par un de mes amis. L'esprit est tranquille ici. Je viens aussi pour des consultations ou pour réparer mon vélo. C'est pratique, au lieu de se déplacer », ajoute le jeune homme. 

Car la particularité de cette structure unique en son genre en France (lire notre encadré ci-dessous) est en effet de proposer aux livreurs des permanences assurées par de multiples partenaires, pour un accompagnement sanitaire mais aussi dans leurs démarches administratives, sociales et professionnelles. Un atelier de réparation de vélos est par ailleurs à leur disposition.

Des livreurs exploités

Devant la maison des livreurs, les vélos de ces travailleurs exploités par les plateformes de livraison. Leur revenu mensuel net serait situé entre 400 et 1 000 €. Éric Bouloumié pour Le Media Social