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Portrait17 janvier 2020
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Enfant placé, aujourd'hui éducateur : un parcours de rencontres et de résilience

[À voix haute] Jonathan Moncassin est éducateur spécialisé dans l’institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (Itep) où il a été placé à l’âge de neuf ans. Un parcours atypique, marqué par les violences intrafamiliales puis des rencontres qui lui ont permis de se construire. Jusqu’à s’épanouir dans un secteur qui lui est cher.

Avant de raconter son histoire, il s’inquiète de son effet sur l’interlocuteur, car « elle n’est pas forcément f acile à entendre ». Une précaution à l’image de sa délicatesse, lui qui ne fait pas gloire de son parcours, « celui de tant d’autres enfants ». Elle était bienvenue : visualiser les cris, les coups, les insultes, la peur, les punitions et privations retourne toujours le ventre. C’est pourtant son histoire, son enfance dans le Pas-de-Calais, entre une « mère aimante et intelligente, mais prise par les émotions et qui ne savait pas faire », un père biologique qui part dès sa naissance, un beau-père alcoolique et violent qui prend sa place.

Un quotidien de violences

« Les jours se sont dégradés rapidement jusqu’à l’âge de huit ans, avec tout ce qu’on peut imaginer de plus violent, des os cassés, un abandon total. À six ans j’allais à l’école à pied à un kilomètre. À huit ans je coupais le bois à la tronçonneuse ». Seul réconfort, ses quatre frères et sœurs, soudés dans l’adversité. Lui est l’aîné des garçons, du premier lit, celui qu’on n’épargne pas, celui qui protège les autres. « Tu portes un rôle que tu acceptes, tu n’as pas le choix ».

Vient le coup de trop contre sa mère. « C’est mon frère qui a dit stop. Il était plus écouté. Il l’a sauvée ». Ils ne reverront plus cet homme. Mère et enfants s’installent chez les grands-parents, puis chez un frère dans un quartier populaire. Dix enfants dans un même appartement : les tensions s’installent rapidement.

L’heure du placement

C’est alors le grand départ vers le Gers, chez un cousin éloigné. « Nous n’avions jamais fait un tel voyage. On était six dans une Renault 25 verte, arrivant dans cette campagne verdoyante avec vue sur les Pyrénées. On était ensemble et c’était le principal ».