Dans une analyse comparative, Fanny Jaffrès, chercheuse en sociologie à l’EHESP, montre comment le modèle de protection sociale suédois a façonné la politique d’inclusion. Son enquête questionne en miroir le système français du travail protégé, d’autant plus éclairante à la lumière des dernières réformes sociales d’inspiration scandinave, dans une logique d’activation de l’emploi.
Pour comprendre la différence d’approche entre les deux pays, vous montrez d’abord qu’en Suède, les politiques sociales sont financées par l’impôt. Avec quelles conséquences ?
Fanny JaffrèsLa Suède a pour objectif de maximiser le nombre de personnes qui participent au marché du travail, dont l’emploi rémunéré permettra de payer des impôts afin de pérenniser le système de protection sociale, généreux.
Les personnes doivent travailler, quelles que soient leurs possibilités : cette idée était présente dès l'adoption du système. Pour des raisons historiques, la France a développé de nombreuses mesures pour les blessés et mutilés de guerre au début du 20e siècle, et pour les accidentés du travail.
Cela a conduit à opposer handicap et travail, en faisant reposer les limitations des personnes sur la solidarité nationale ou familiale, avec un droit au non-travail plus fort pour les personnes handicapées.
D’où le développement en France d’un système protégé en parallèle du milieu ordinaire…